"Le bio à poil", scandent les agriculteurs. Après une campagne de protestation menée sur les réseaux sociaux ces derniers jours, ils se sont finalement réunis dans plusieurs villes françaises ce 2 juin pour protester contre la nouvelle Politique agricole commune (PAC).
Les agriculteurs bio réclament une révision des mesures entourant ce dispositif décidé à Bruxelles. Votée pour cinq ans, l’enveloppe prévue pour eux par la future PAC 2023-2027 est revue à la baisse. Ils se sont donc rassemblés à Paris sur la pelouse des Invalides, mais aussi à Angoulême, La Rochelle, Périgueux, Limoges, Agen, Bayonne, Coutances, La-Roche-sur-Yon et Reims : ils espèrent obtenir un entretien avec les parlementaires ou le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. À l’initiative de la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (FNAB), le rassemblement a été rejoint par plusieurs organisations telles que Génération écologie, Agir pour l’environnement ou encore le syndicat agricole de la Confédération paysanne, dont le dernier rassemblement devant Pôle emploi quelques jours plus tôt s’était soldé par des heurts avec les forces de l'ordre. Dans la capitale, plusieurs élus verts ont également participé au rassemblement.
Qu’est-ce qui coince ?
La nouvelle PAC doit prendre effet pour la période 2023-2027. Problème : l’enveloppe initialement prévue pour les exploitants en bio risque d’être amaigrie au profit des agriculteurs en conversion, porteur de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). Si les premiers disposaient jusqu’ici de 202 euros par an et par hectare d’aides, ils auront désormais droit à 70 euros dans les mêmes termes. Leur souhait : un réajustement à hauteur de 145 euros. "Ce que veut Julien Denormandie, c’est une ‘PAC de la stabilité’. Mais on note que la stabilité ne concerne pas les paysans bio puisque pour nous, c’est une vraie reculade : on sera les grands perdants de cette réforme. Et pourtant on vient encore de perdre une décennie à regarder les paysans disparaître les uns après les autres", déplore Mathieu Courgeau de la Confédération paysanne. Pour Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan, cette nouvelle PAC est déterminante pour le futur de l’agriculture française et européenne : "Ce futur doit être dans le respect du climat, de la biodiversité, de la vie du sol, du vivant végétal et animal, de la dignité des paysans. Ils doivent être rémunérés à la hauteur de la qualité de leur travail et de leur produit."
Mais à l’inverse, le gouvernement plaide le fait que les exploitations bio sont déjà suffisamment rentables. Pour la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, cette nouvelle PAC représente "un virage environnemental fort", a-t-elle tranché au micro de Europe 1. Résultat des courses pour les opposants à la mesure, l’agriculture biologique finira "à poil". "Cela va faire un an que Julien Denormandie est arrivé rue de Varennes et autant de temps que les négociations autour de la PAC ont débuté. Nous avons fait six demandes de rendez-vous et avons eu zéro réponse. On a vraiment un sentiment de mépris. Et ce mépris est vraiment insupportable : c’est ce qu’on est venu dire aujourd’hui", plaide Mathieu Courgeau.
Une campagne menée sur les réseaux sociaux
Pour illustrer ces pertes, nombre d’entre eux se sont photographiés nus sur leur exploitation derrière des slogans de contestation.
Ce 2 juin à Paris, après une série de prises de paroles, les manifestants ont à nouveau posé dans le plus simple appareil.
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