Le chancelier allemand, Olaf Scholz, "avait promis un coup de pouce crucial pour l'action internationale en faveur du climat et il n'a pas tenu ses promesses", résumait Friederike Röder, la vice-présidente de l'ONG Global Citizen, à l'issue du sommet annuel des dirigeants du G7 dans les Alpes bavaroises. Les puissances du G7, qui doivent à court terme se passer du gaz russe, sont sous pression pour tenir leurs engagements climatiques.
Dans leur déclaration finale, les chefs d'Etat ou de gouvernement allemand, français, italien, américain, britannique, japonais et canadien ont certes réaffirmé "leur engagement indéfectible" envers l'accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5° par rapport à l'ère préindustrielle et leur objectif de parvenir à zéro émission nette de carbone d'ici à 2050. Du château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne, ils ont aussi réitéré leur engagement à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et à accélérer la transition vers une énergie propre.
Ils veulent également porter sur les fronts baptismaux un "club climat" qui sera, selon eux, un "forum intergouvernemental de grande ambition" ouvert à tous les pays pour renforcer et élargir leur coopération. Cette instance, dont la création est ardemment souhaitée par l'Allemagne qui préside le G7 cette année, vise notamment à rassembler les pays acceptant des règles communes pour éviter les désavantages concurrentiels.
"Juste un autre club"
Mais des voix critiques soulignaient à l'issue du sommet que l'idée restait vague et risquait de devenir "juste un autre club", selon Martin Kaiser, le directeur exécutif de Greenpeace en Allemagne. Livrant un verdict cinglant, les ONG de défense de l'environnement ont condamné les "failles" dans cette déclaration finale liées aux hydrocarbures "sales".
Le communiqué souligne ainsi que les pays du G7 continueront à mettre fin aux investissements publics dans des projets d'exploitation de combustibles fossiles à l'étranger d'ici à la fin de l'année. Mais, compte tenu des "circonstances exceptionnelles" liées à la guerre en Ukraine, "les investissements soutenus par les pouvoirs publics dans le secteur du gaz" pourront être décidés "en tant que réponse provisoire". Selon des observateurs, l'Allemagne et l'Italie, qui dépendent toutes deux fortement des sources d'énergie russes, ont fait pression pour obtenir cet amendement. L'Allemagne vient aussi d'annoncer un recours accru au charbon pour compenser la baisse des livraisons de gaz russe.
Mobilisation en baisse
Olaf Scholz a réaffirmé mardi qu'il s'agissait de mesures provisoires et que les ambitions de son pays en matière d'énergies renouvelables restaient les mêmes. Le président du Conseil italien Mario Draghi a également affirmé être conscient de l'"inquiétude" que suscite un retour aux énergies fossiles. Mais "nous ne voulons pas revenir sur nos engagements", a-t-il assuré à l'issue de ce sommet. "Même si nous accédons à de nouvelles sources d'approvisionnement en gaz, celles-ci remplacent les sources russes, nous n'augmentons pas l'approvisionnement en gaz à long terme", a-t-il également souligné, qualifiant d'"urgence" la situation actuelle provoquée par l'offensive russe en Ukraine.
"Le chancelier Scholz n'a pas réussi à mobiliser de nouveaux engagements en faveur du climat de la part des dirigeants du G7, ce qui leur laisse un énorme vide à combler au cours des quatre prochains mois pour être crédibles pendant la COP27" en Egypte, en novembre, selon Alex Scott, du groupe de réflexion sur le climat E3G. Pour autant, la mobilisation populaire face à l'urgence climatique, pourtant forte en Allemagne avant le début de la guerre en Ukraine, marque le pas. La principale manifestation en marge du G7 samedi à Munich n'a rassemblé qu'entre 4000 et 6000 protestataires quand ses organisateurs en attendaient 20 000.
Avec AFP.
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