Des événements en lien avec les défis des agriculteurs face à la transition écologique auront lieu tout au long du salon.
©LUDOVIC MARIN/POOL/AFP
Politique

Exigences climatiques, plans d'aide... Le Salon de l'agriculture 2023 s'achève

Le Salon de l'agriculture ferme ses portes dimanche, après neuf jours qui ont mis le monde agricole et ses angoisses climatiques ou économiques sur le devant de la scène et vu affluer des centaines de milliers de visiteurs Porte de Versailles à Paris.

Après une édition 2022 marquée par le déclenchement de la guerre en Ukraine, l'heure était au bilan pour les agriculteurs, qui ont vu s'envoler leurs coûts de production (engrais, carburants, aliment pour bétail...) et ont subi une sécheresse inédite.

Succès "sans modération"

Autour de la vache égérie Ovalie, d'une moissonneuse-batteuse ou de l'étal du poissonnier, 615 204 visiteurs, 40 000 professionnels et délégations françaises et internationales - et 3500 journalistes accrédités - sont venus découvrir la diversité de la ferme France dans une ambiance bon enfant. Un "bon salon" pour son président Jean-Luc Poulain, qui renoue "avec l'affluence des éditions d'avant le Covid", sans toutefois battre le record de 2014 (plus de 700 000 visiteurs). Samedi, une affluence record a contraint les organisateurs à fermer plus tôt les accès du salon, marqué aussi cette année par la présence accrue de groupes de jeunes gens avinés.

Politiques à foison

Depuis samedi 25 février, quand le chef de l'Etat Emmanuel Macron a ouvert le bal, les visites n'ont pas arrêté. Une centaine de personnalités, responsables politiques, ministres ou élus, français comme étrangers, ont arpenté les allées. Marc Fesneau a passé les neuf jours sur place pour son baptême du feu comme ministre de l'Agriculture.

Sobriété et phytos

Du côté de l'exécutif, il s'agissait de rassurer les agriculteurs sur deux dossiers : la baisse du nombre de pesticides à leur disposition, car jugés nocifs pour la santé et la biodiversité, et l'accès à l'eau après un été historiquement sec et un hiver où la pluie s'est fait désirer. Lors de sa venue, Emmanuel Macron a annoncé un "plan de sobriété sur l'eau" et un autre pour les produits phytosanitaires, dont sa Première ministre a dessiné les contours deux jours plus tard.

Elisabeth Borne a esquissé un "plan Ecophyto 2030" qui - contrairement aux précédents - ne comporte pas de nouvel objectif de réduction des pesticides et vise notamment à préserver la compétitivité des agriculteurs français. Le gouvernement promet d'aider à financer la recherche d'alternatives aux produits qui pourraient être interdits dans les prochaines années.

L'exécutif travaille aussi à un plan sur l'eau qui doit être présenté en mars. Parmi les pistes : un stockage accru, la réutilisation des eaux usées - de moins de 1 % en France contre 8 % en Italie ou 14 % en Espagne -, et le développement de variétés de cultures plus résistantes au stress hydrique.

Inflation et pouvoir d'achat

Le salon a une nouvelle fois coïncidé avec la clôture des négociations annuelles entre les enseignes de supermarchés et leurs fournisseurs, achevées mercredi à minuit, laissant augurer d'une augmentation de 10 % des prix payés aux industriels. Une hausse qui se répercutera in fine dans le panier de courses : pour limiter l'impact sur la facture des consommateurs, Emmanuel Macron a souligné que "ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs". L'exécutif planche sur un dispositif de soutien au pouvoir d'achat des Français, que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut voir effectif dès la mi-mars.

Moisson de millions

Le carnet de chèques s'est ouvert avant même l'inauguration officielle, avec l'annonce aux pêcheurs par Emmanuel Macron de la prolongation de leur ristourne sur le carburant. Une mesure qui coûte "environ 2,5 millions d'euros par mois", selon le secrétaire d'Etat à la Mer Hervé Berville.

D'autres enveloppes ont été annoncées, reposant souvent largement sur des crédits du plan d'investissement France 2030 qui n'avaient pas encore été fléchés vers des activités. Ainsi, 400 millions d'euros doivent être débloqués pour aider à investir dans des agroéquipements "innovants". Alors que la France importe 50 % de ses fruits et légumes, "l'objectif est de mobiliser 200 millions d'euros" pour la filière, dont la moitié est d'ores et déjà comprise dans le plan d'investissement sur les agroéquipements.

Grosse déception en revanche pour les producteurs bio, qui ont jugé "méprisante" l'annonce d'une aide à la trésorerie de dix millions d'euros alors que la baisse de consommation plonge le secteur dans le marasme, avec un recul du nombre de conversions au bio de 32 % sur un an, selon l'Agence bio.

Avec AFP. 

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