Le 12 janvier, la nomination comme président de la prochaine conférence de l'ONU sur le climat de Sultan Ahmed al-Jaber, le PDG du géant pétrolier ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), a suscité de vives critiques parmi les militants de l'environnement. Cette décision était "uniquement dans les mains" des Emirats arabes unis, a répondu Simon Stiell, lors d'une interview en marge du Forum économique mondial de Davos (Suisse).
Mais, ajoute-t-il, M. Al Jaber a exprimé "une ouverture en disant vouloir faire de cette COP une occasion de transformations. Le temps nous dira, au fil des semaines et des mois qui nous séparent de la COP28, ce qu'il entend par 'transformation'". "Une transformation, ça doit s'appliquer à tous les domaines", y compris la question de savoir "comment on résout l'écart entre les besoins et les perspectives de réduction des émissions" de gaz à effet de serre, a jugé M. Stiell.
Le fait que les négociations climat se déroulent aux Émirats arabes unis est une décision qui a été prise lors des réunions de la COP et "doit être respectée, mais je pense que cela nous donne l'occasion de mettre sur la table certaines questions difficiles", a-t-il ajouté. La COP27, en Égypte en novembre, s'est conclue par un accord sur la création d'un fonds "pertes et dommages" destiné à couvrir les coûts des destructions auxquelles les pays en développement sont confrontés en raison des catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique. Mais une demande portée par l'Inde pour inclure également un engagement à éliminer progressivement les combustibles fossiles a tourné court. "Je pense qu'ils (les Indiens) ont l'intention de poursuivre leurs efforts dans ce sens, et qu'ils seront soutenus par d'autres parties", a déclaré M. Stiell, qui a rencontré une délégation indienne à Davos. "Donc ces questions difficiles devront être posées et seront abordées aux Emirats arabes unis", a-t-il affirmé.
La crise climatique est une crise qui ne peut être reportée, qui ne peut être ignorée, qui ne peut être mise en veilleuse."
Les intervenants à Davos, dont le chef de l'ONU Antonio Guterres, ont averti les dirigeants politiques et économiques mondiaux que le monde n'était pas sur la bonne voie pour limiter le réchauffement à 1,5°C et qu'il faudra supporter les conséquences dévastatrices du changement climatique. "La crise climatique est une crise qui ne peut être reportée, qui ne peut être ignorée, qui ne peut être mise en veilleuse", a à son tour martelé M. Stiell.
Nommé secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en août 2022, il a estimé que Davos était l'occasion d'avoir des "discussions franches" avec les chefs d'entreprise sur leurs engagements en matière de "zéro émissions nettes". Les experts de l'ONU ont publié des recommandations lors de la COP27 disant que les entreprises ne pouvaient pas prétendre au "zéro net" ou à la neutralité carbone si elles lançaient de nouveaux investissements dans les énergies fossiles, provoquaient la déforestation ou compensaient leurs émissions avec des crédits carbone au lieu de les réduire. "Il ne s'agit pas seulement de faire des promesses et de prétendre être sur la voie du net zéro", a déclaré Stiell. "Il est nécessaire de démontrer que ces plans de transition existent, qu'ils sont crédibles et aussi larges que possible en amont et en aval de leurs chaînes de valeur".
Avec AFP.
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