Théo Colombani, analyste financier et Adrien Dumas, directeur de la gestion et gérant du fonds Mandarine Global Sport
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Entretiens

"L’économie du sport est porteuse de nombreux impacts extra-financiers"

Adrien Dumas, directeur de la gestion et Théo Colombani, analyste financier, nous parlent de Mandarine Global Sport, un fonds labellisé ISR lancé il y a un an et demi par Mandarine Gestion.

Vous avez lancé il y a un an et demi le fonds Mandarine Global Sport. Pourquoi cette thématique ?

L’économie du sport connait une forte expansion ces dernières années, sa croissance est estimée à +6 / +7 % par an pour les cinq prochaines années. Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique : la prise de conscience croissante liée au bien-être et à la santé, la diversification et l’élargissement des populations sportives (seniorisation, féminisation), l’essor des classes moyennes qui accèdent à la pratique de sport notamment dans les pays émergents. Parallèlement, les tendances de digitalisation et les innovations technologiques permettent de nouvelles pratiques sportives, élargissant le marché adressable à échelle mondiale. Nous avons décidé de lancer le fonds Mandarine Global Sport pour s’exposer à cette économie, en nous appuyant sur nos connaissances des entreprises en tant que stock-pickeur, pour chercher les meilleurs acteurs du secteur selon nous.

Nous excluons les clubs de football professionnels et toute activité exposée au risque de blanchiment d’argent, ainsi que les pratiques sportives qui utilisent des armes à feu.

Quelle est la stratégie d'investissement et comment y intégrez-vous l'ESG ?

Mandarine Global Sport est un fonds investi en actions à l’échelle mondiale. Nous avons construit notre univers d’investissement autour de quatre segments diversifiés et faiblement corrélés : la performance du sportif (hygiène alimentaire, montres connectées), l’équipement et le matériel de sport, les infrastructures et les organisations (stades, salles de fitness, sponsoring et évènementiel), et la consommation digitale (e-sport, médias, audiovisuel). Les entreprises identifiées doivent réaliser plus de 30% de leur chiffre d’affaires dans le sport, mais en réalité, pour 90% des entreprises en portefeuille ce chiffre est au-dessus des 50%.   

Un filtre propriétaire basé sur des critères extra-financiers permet ensuite d’éliminer les entreprises les moins bien notées sur les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance). Par ailleurs, nous excluons les clubs de football professionnels et toute activité exposée au risque de blanchiment d’argent, ainsi que les pratiques sportives qui utilisent des armes à feu. Le fonds a reçu le Label ISR dès sa création. Investir dans le sport est une manière d’investir responsable, puisque l’économie du sport est porteuse de nombreux impacts extra-financiers. Le sport est au cœur de nombreux enjeux sociaux et sociétaux, étant un vecteur d’intégration, de valeurs éducatives et de mixité sociale. C’est également un levier de dynamisation des territoires.

Quel bilan après un an et demi ?

Après de bons premiers mois qui ont suivi le lancement, le fonds affiche un an et demi après, une performance absolue légèrement positive dans un contexte macroéconomique et géopolitique défavorable. En effet, depuis le début d’année, les pressions inflationnistes n’ont cessé de progresser et le choc de pouvoir d’achat se répercute sur les ménages. Dans ce contexte, Mandarine Global Sport, qui est naturellement exposé à la consommation discrétionnaire, en a été négativement impacté. 

L'équipe de gestion a cependant su s'adapter pour amortir la volatilité du fonds. Nous avons notamment identifié différents marchés sous-jacents (nutrition, équipements, e-sport, mobilités propres) qui ont permis de s'exposer à des moteurs de croissance variés. La diversification du portefeuille réside également dans son allocation géographique équipondérée, bénéfique en 2021 mais qui pèse sur la performance en 2022 avec le conflit en Ukraine. Malgré un ralentissement qui est selon nous conjoncturel et temporaire, les perspectives de croissance et les fondamentaux de la thématique restent très attractifs. Les consommateurs disposent toujours d'une importante épargne non dépensée, les carnets de commandes sont fournis et les chaines d’approvisionnement semblent être sur le chemin de l’amélioration. Sur le plan commercial, nous avons constaté un fort intérêt de la part des investisseurs, notamment des distributeurs. Compte tenu des perspectives attrayantes qu’offre cette thématique de long terme, nous restons confiants qu’elle continuera à séduire les investisseurs.