Le Covid-19 n’a pas épargné l’assurance-vie, qui a vu sa collecte nette fondre en 2020 de 6,5 milliards d’euros, portant l’encours total des contrats à 1.789 milliards d’euros. Mais cette décollecte s’est surtout faite au désavantage des fonds en euros : les cotisations sur ces fonds à capital garanti sont passées de 104,4 milliards d’euros en 2019 à 76,2 milliards d’euros en 2020, tandis que les cotisations en unités de compte se sont maintenues au niveau record de 40,1 milliards d’euros.
Des fonds en euros encore opaques
Les fonds en euros ont longtemps eu la faveur des épargnants, car ils ont la particularité de garantir le capital placé. Mais pour ceux qui souhaitent investir de façon responsable, l’arbitrage se fait naturellement en faveur des unités de compte, car la composition des fonds en euros reste malheureusement opaque. Ils sont investis majoritairement en obligations, d’Etat ou d’entreprises, et si le détail des pays investis est souvent précisé, il n’en est pas de même pour la nature des obligations d’entreprises. Si le fonds en euros investit dans d’autres actifs, comme de l’immobilier, il est aussi extrêmement rare d’avoir des précisions sur la nature des actifs - et encore plus sur leur caractère durable.
Des labels durables
Les unités de compte, plus risquées et dont le capital n’est pas garanti, sont le levier éthique de l’assurance-vie, et c’est sur elles que se concentre l’offre durable. Depuis le 1er janvier 2020, les assureurs ont l’obligation de proposer au moins un fonds labellisé ISR (investissement socialement responsable) dans chaque contrat. Ils auront, dès janvier 2022, l’obligation de proposer également un fonds vert, labellisé Greenfin, et un fonds solidaire, labellisé Finansol. Mi-2020, les assureurs-vie détenaient un encours de 45,1 milliards d’euros de fonds labellisés ISR, et de 1 milliard d’euros de fonds labellisés Greenfin, selon les chiffres de la Fédération française de l’assurance. Cela représente à peine 2,5% de l’encours total de l’assurance-vie, mais la proportion de fonds durables dans les contrats augmente rapidement, grâce à la conjonction de la réglementation et du renouvellement naturel des souscriptions.
Une offre de plus en plus étoffée...
Les acteurs du marché subissent aussi une forte pression des épargnants, qui sont de plus en plus nombreux à exiger des produits durables. Pour répondre à cette demande, mais aussi s’adapter à un public plus jeune et connecté, ils font évoluer leur offre. De plus en plus d’assureurs proposent ainsi des fonds indiciels (ETF) responsables dans leurs contrats, permettant d’appliquer des frais réduits tout en assurant une bonne diversification. Ils sont aussi de plus en plus à proposer des unités de compte non labellisées, mais qui intègrent un processus d’analyse extra-financière à travers des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). D’autres vont plus loin en incluant des fonds d’impact dans leurs contrats, ou des fonds immobiliers, de type SCPI, engagés dans une démarche durable.
...mais inégale
Attention toutefois : tous les contrats ne se valent pas lorsqu’il s’agit d’investissement socialement responsable. Malgré les obligations légales induites par la loi Pacte, l’offre est presque inexistante chez certains assureurs, ou difficile à trouver, avec un fléchage vers les unités de compte durables ou labellisées très discret...voire inexistant. Certains les mettent en avant mais se contentent des minima légaux, ce qui limite de facto le choix des épargnants. Il est important de vérifier la quantité d’unités de compte responsables disponibles pour l’épargnant, ou de demander la liste de ces unités de compte, afin de s’assurer que l’offre sera suffisamment fournie pour répondre aux besoins mais aussi aux convictions personnelles du souscripteur.
Une impulsion européenne
Là encore, la réglementation joue en la faveur des épargnants. L’entrée en vigueur du règlement européen SFDR, pour sustainable finance disclosure regulation, oblige les assureurs-vie à faire preuve dès cette année de plus de transparence. Ils doivent désormais classer les unités de compte proposées en trois catégories : celles qui ont des objectifs environnementaux ou sociaux directs, celles qui prennent en compte des critères extra-financiers, et les autres. Cela pourrait, à terme, avoir un impact sur la manière dont sont distribués ces produits, avec la systématisation de questionnaires d’adéquation pour les clients. Le règlement devrait en tout cas contribuer à la démocratisation de l’investissement responsable dans l’assurance-vie.
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