"En France comme en Europe, les pêcheurs ont adopté des pratiques durables et continuent à s'adapter au climat, à la gestion de la ressource. Nous sommes les premiers à avoir intérêt à protéger la mer, qui nous nourrit", a souligné mardi Frédéric Toulliou, président de France Filière Pêche (FFP), qui regroupe tout le secteur, des pêcheurs aux distributeurs, avec un slogan : "Gardez la pêche !".
En amont de la troisième Conférence des Nations unies pour l'océan (UNOC-3), organisée du 9 au 13 juin à Nice, la profession craint de voir relayées les demandes d'interdiction de la pêche dans les aires marines protégées (AMP), portées notamment par les ONG Bloom, Oceana ou Seas at risk. Ces associations ont demandé au président Emmanuel Macron une "protection stricte" dans "au moins 10 % des eaux françaises" et le bannissement du chalutage de fond dans les aires protégées.
"Cela n'aurait pas de sens (...) et pèserait lourdement sur les volumes" débarqués dans les criées, qui proviennent à environ 60 % de la pêche au chalut (pélagique ou de fond), selon Frédéric Toulliou.
Une approche "au cas par cas"
"C'est le volume qui permet de maintenir l'activité des criées, du mareyage, de tout l'aval d'une filière qui emploie 70 000 personnes en France", souligne-t-il.
Il rappelle que la flotte française ne cesse de diminuer et que la France compte plus de 500 aires marines protégées, de 11 sortes (parcs nationaux, réserves naturelles...) couvrant plus de 30 % de l'espace maritime national.
"Cela ne sert à rien d'interdire le chalut de fond dans une AMP qui protège les oiseaux marins. Nous plaidons pour une approche au cas par cas", affirme-t-il.
Pour aller plus loin : En Grèce, le gouvernement interdit les chalutiers dans ses zones marines protégées
C'est aussi cette approche "au cas par cas", en fonction "de l'enjeu écologique", que défend Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, également chargée de la Mer et de la Pêche.
FFP souligne les "efforts" déjà consentis pour "réduire l'impact" de la pêche sur le milieu, notamment avec des filets "qui ne raclent plus le fond mais le frôlent".
La filière espère que l'UNOC sera l'occasion de porter des combats communs contre la pêche illégale, qui engendre des pertes économiques estimées de 10 à 20 milliards d'euros par an, ou la pollution plastique des océans.
Avec AFP.