Premier ministre, Jean Castex
© Xosé Bouzas/Hans Lucas/AFP
Politique

Hausse des prix du carburant : l'exécutif dégaine "une indemnité classe moyenne"

Ni baisse des taxes ni chèque carburant mais une indemnité de 100 euros pour 38 millions de Français : le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi 21 octobre une mesure simple "qui se voit", pour répondre aux inquiétudes sur la flambée des carburants et le pouvoir d'achat.

Plutôt qu'un chèque aux automobilistes, une "usine à gaz" selon Jean Castex, ou une baisse de taxes - "il n'y a pas que l'essence" qui augmente - le gouvernement a choisi une troisième voie : celle de débourser 3,8 milliards pour accorder une aide à tous les Français qui gagnent moins de 2 000 euros nets par mois, qu'ils aient une voiture ou non.

"Une indemnité classe moyenne", a estimé le Premier ministre dans le JT de 20H00 de TF1. La prime défiscalisée, a précisé Matignon - sera versée en une seule fois et automatiquement, dès fin décembre par les employeurs aux salariés, et entre janvier et février pour les autres catégories, comme les retraités ou indépendants, sans besoin d'aucune démarche, a précisé le Premier ministre. Seront également concernés les apprentis, étudiants boursiers et étudiants fiscalement autonomes touchant moins de 2000 euros, a fait savoir Matignon dans la soirée après d'ultimes arbitrages.

Cette solution a été élaborée après plusieurs jours d'hésitation, afin d'éviter, à six mois de la présidentielle, une montée des contestations dans ce dossier ultrasensible.

La solution "la plus juste, plus efficace"

"On nous dit : vous avez mis huit jours à décider, ben oui, c'est un sujet compliqué", a commenté le chef du gouvernement, défendant la solution "la plus juste, la plus efficace", alors que les prix à la pompe ont atteint des niveaux historiquement hauts.

Cadeau supplémentaire annoncé jeudi, le gel des prix du gaz sera prolongé jusqu'à fin 2022, au lieu d'avril, parce que la décrue des prix sera plus lente que prévu", a-t-il dit. Tout cela, a promis Jean Castex, en tenant l'objectif en 2022 "d'un déficit à 5 %, donc en forte diminution par rapport à 2021".

Après l'annonce d'un "bouclier" contre la hausse du gaz et de l'électricité, l'exécutif avait l'obsession de faire "simple" et efficace, conscient que des mesures trop compliquées ou grevées par des effets de seuils risquaient d'être peu perceptibles.

"Chèque en bois"

Les prix à la pompe ont encore augmenté de 2 centimes la semaine dernière, atteignant des niveaux historiquement hauts à 1,56 euro le litre pour le gazole en moyenne, et 1,62 euro pour l'essence sans-plomb.

Cette aide est attribuée à six fois plus de personnes que le chèque énergie, qui est distribué aux près de 6 millions de ménages les plus modestes.

Une baisse des taxes était également étudiée mais elle est "très chère". Selon Bercy, une baisse de 1 centime des taxes sur les carburants représente un demi-milliard d'euro de manque à gagner pour l'Etat. Désavantage supplémentaire, elle ne permettait pas de poser une condition de ressources.

Jean Castex a également mis en avant le fait de rendre le pays "moins dépendant des sources d'énergies dites fossiles".

Depuis plusieurs jours, les oppositions de droite et de gauche appelaient le gouvernement à annoncer des "mesures offensives", entre propositions de baisse temporaire des taxes sur l'énergie, baisse de la TVA de 20% à 5,5% ou encore instauration d'une "taxe flottante".

Jeudi soir, la droite a raillé, à l'image de Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, "un nouveau chèque en bois financé par la dette".

Les écologistes, qui plaidaient pour la mise en place d'un chèque énergie, ont déploré qu'il n'y ait "aucune solution de moyen terme pour limiter la dépendance à la voiture."

"Ni juste (à 2.010 euros net on a rien ?) ni surtout efficace pour limiter l'augmentation du prix à la pompe", a regretté le député LFI Eric Coquerel dont le parti milite pour "bloquer les prix" des carburants. Le patron de Force ouvrière Yves Veyrier a, lui, salué sur franceinfo cette "annonce positive", mais s'est aussi inquiété que ce "coup de pouce ponctuel" repose sur "le pari que l'inflation soit temporaire".

Marine Le Pen continuait, de son côté, à défendre "sa proposition de faire baisser immédiatement la TVA de 20 à 5,5% sur les carburants, mais aussi sur le gaz, le fioul domestique et l'électricité, selon un communiqué de son parti, le Rassemblement national.

Avec AFP.

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