A force de s’apitoyer sur le déclin pathétique de la nature, on finit par se détourner du triste spectacle. C'est, d'une certaine manière, en faisant ce constat qu'il y a 11 ans, le magazine Terre Sauvage et l'Union Internationale de Conservation de la Nature unissaient leurs compétences pour lancer la "Fête de la nature". Au diable les états d'âme, durant quelques jours, il fallait tout au contraire se réjouir d'une biodiversité toujours surprenante et passionnante. Avec le temps, la mayonnaise a pris et la fête modeste des premières années, s'est transformée aujourd'hui en institution. Naturellement, toutes les associations de protection de la nature sont au rendez-vous pour proposer des animations et autres sorties nature.
"Voir l'invisible"
Mais les parcs naturels régionaux, le conservatoire du littoral, les réserves naturelles de France, etc... se joignent également au concert. Cette année, du 23 au 27 mai, le programme s'intitule : "Voir l'invisible". Pour lever le voile, une multitude de naturalistes, aussi compétents que passionnés, invitera à découvrir l'intimité d'une mare, à savoir écouter le chant nocturne de la nature, à apprécier le petit peuple qui se réfugie dans la terre. Je ne doute pas qu'au cours des échanges, les travaux du biologiste Jacques Blondel feront à nouveau référence. Directeur de recherche au CNRS, il eut le mérite de prendre du recul pour analyser la présence du vivant sur terre. Son bilan est impressionnant. La biomasse totale de mammifères vivant sur la planète est de 1 261 millions de tonnes, dont 376 millions de tonnes d'humains (30 %), 852 millions de tonnes de mammifères domestiques (67 %) et un petit 33 millions de tonnes de mammifères sauvages (3 %) dont évidemment les éléphants, les hippopotames et tout le reste... Ces chiffres incroyables s'inscrivent aussi dans le thème "Voir l'invisible" de cette fête de la nature. Ils nous disent clairement que l'homme et son bétail représentent 97 % des mammifères occupant l'espace planétaire et laissent aux 3 % de mammifères sauvages les confettis d'espaces naturels restants.
S'engager en faveur de la biodiversité
Au niveau Français, cette situation se vérifie lorsque l'on voit les anti-ours refuser le maintien d'une population viable en Pyrénées. Le Ministère de la Transition écologique et solidaire vient de lancer un grand plan d'action en faveur de la biodiversité. Les Français sont sollicités pour donner leur point de vue, mais on connait déjà leur conclusion : un sondage IFOP-LPO fait valoir que 84 % des Français attendent un engagement réel de l'état et des élus en faveur de la biodiversité. Tout est dit !