Les ventes de voitures électriques devraient continuer à progresser en 2024.
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Environnement

La voiture électrique est-elle une solution viable ?

Souvent présentée comme le véhicule de demain, la voiture électrique a elle aussi un coût environnemental à prendre en considération.

Le futur de la voiture sera électrique. Une telle affirmation ne paraitrait pas surprenante, tant le véhicule électrique s'est imposé, ces dernières années, comme l'une des principales alternatives -et la plus médiatisée- aux classiques essence et diesel. Avec, pour principal argument, son coût environnemental relativement faible lors de son utilisation, lié à la non-émission de CO2.

Et à l'heure de la transition énergétique, rouler plus propre parait l'un des points sur lequel chacun peut se sentir immédiatement concerné, à condition toutefois de pouvoir mettre la main au portefeuille. Une conjoncture rendue d'autant plus favorable que ces derniers mois, les effets d'annonce de la part des acteurs étatiques se sont multipliés. La France, le Royaume-Uni et la Chine ont ainsi annoncé tour à tour leur intention de bannir les moteurs thermiques dans les prochaines décennies. Une voie toute tracée pour l'électrique qui, s'il reste toujours loin des ventes de ses cousins roulant aux hydrocarbures pour l'instant, devrait représenter un parc d'environ 280 millions de véhicules en 2040 à l'échelle mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie.

Pour autant, l'électrique n'est pas sans impact sur l'environnement. Et sans évolutions efficaces, il pourrait dans quelques années devenir un problème épineux.

Des batteries coûteuses

Quand il est question de l’impact environnemental des voitures électriques, l'un des arguments qui revient fréquemment concerne la production des batteries. Tout comme pour celles des smartphones ou des ordinateurs portables, leur fabrication nécessite des composants dont l'acquisition peut poser un certain nombre de problèmes. Le lithium et les terres rares sont ainsi souvent pointés du doigt à cause des conséquences qu'entraîne leur extraction sur les écosystèmes tandis que le cobalt provient majoritairement de la République Démocratique du Congo, où les conditions de travail violent un certain nombre de droits humains. Des ressources dont l'épuisement progressif pourrait à terme poser des problèmes, même si plusieurs solutions sont à l'étude pour remplacer certains de ces matériaux.

Et la confection n'est pas le seul enjeu affilié aux batteries, comme l'explique Jean Desley, de l’institut français des sciences et technologies de transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR) : « Le vrai problème réside dans le recyclage de ces batteries usagées. Actuellement, leur traitement nécessite beaucoup d'énergie et de procédés chimiques pour séparer de manière efficace tous leurs composants. Mais il existe plusieurs programmes de recherche pour réduire ce coût et réduire l'impact lié à l'extraction des composants. » Un coût élevé qui explique en partie pourquoi la filière du recyclage accuse aujourd'hui un retard important en Europe malgré des initiatives, avec le risque « de voir arriver dans les prochaines années les premières vagues massives de batteries usagées » s'inquiète Jean Desley.

Un impact intimement lié au mix énergétique

Mais si les batteries illustrent l'un des enjeux les plus apparents, elles ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte quand il s'agit des conséquences environnementales des véhicules électriques. Dans une étude récente, des chercheurs révélaient que la Tesla Model S émettait plus de CO2 qu'une petite voiture à essence. Raison de ce phénomène ? La région du Midwest américain, où ont été effectués les tests, produit majoritairement son électricité à partir du charbon. Autrement dit, l'impact d'un véhicule électrique est intimement lié au mix énergétique des pays dans lesquels il roule et ce facteur doit être pris en compte lorsqu'il s'agit d'estimer son coût carbone.

Dans des pays où la majeure partie de l’électricité provient encore des centrales à charbon, les voitures électriques ont donc un impact non négligeable, même si d'autres études estiment que sur toute leur durée de vie, même des véhicules alimentés par des centrales à charbon émettent en moyenne moitié moins de gaz à effet de serre que les voitures diesel en 2030. En France par contre, où le nucléaire est prédominant, une voiture électrique a un impact moindre.

Rendre l'électrique plus propre passe donc nécessairement par une refonte des habitudes énergétiques et par la mise en place d'une véritable filière du recyclage. Mais ces arguments ne devraient pas suffire pour autant à en faire le véhicule du futur, estime Jean Delsey : « L'avenir, c’est un mélange d’hybrides, d’électriques mais aussi encore de véhicules thermiques ou à biocarburant. »