Des recherches menées par l’Université de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, révèlent la présence de nombreux pesticides dans l’eau de pluie.
© Pixabay/Pexels
Environnement

Pluie toxique : comment les pesticides voyagent au-dessus de nos têtes

Des recherches menées par l’Université de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, révèlent la présence de nombreux pesticides dans l’eau de pluie, y compris certains interdits en France depuis plus de dix ans.

Au centre de recherche de l’Université de Clermont-Ferrand, situé à 1 500 mètres d’altitude, une équipe composée de scientifiques français et italiens a récemment identifié 32 substances, dont des herbicides et des insecticides. Pour en comprendre l’origine, ils ont prélevé six échantillons de nuages à différentes saisons. Le constat est sans appel : la moitié de ces échantillons contenait des concentrations dépassant les limites autorisées par l’Union européenne pour l’eau potable.

Selon ces recherches, ces pesticides se déplacent aisément grâce aux masses d’air et retombent finalement sur les sols, contribuant ainsi à une pollution diffuse et étendue.

Des pesticides interdits toujours présents dans l’atmosphère

Parmi les substances détectées figure notamment l’atrazine, un herbicide interdit en France depuis 2003 en raison de sa toxicité. Sa présence dans les nuages prouve que certains pesticides persistent dans l’environnement pendant des décennies. D’autres substances, toujours autorisées dans plusieurs pays voisins, viennent s’ajouter à cette pollution globale.

"Nous savons aujourd’hui que les pesticides ne s’arrêtent pas aux frontières", explique un des chercheurs italiens. "Ils s’évaporent, voyagent avec les masses d’air, et peuvent retomber à des centaines, voire des milliers de kilomètres de leur point d’émission."

Des risques pour la santé et l’environnement

L’exposition répétée à de faibles doses de pesticides peut avoir des conséquences graves, notamment des perturbations endocriniennes, des troubles neurologiques ou encore des effets cancérogènes. Or, ces substances peuvent s’accumuler dans les organismes vivants, menaçant non seulement la santé humaine, mais aussi celle des écosystèmes.

De nombreuses espèces animales, déjà fragilisées par le changement climatique, pourraient voir leur habitat altéré par cette pollution invisible. Les insectes pollinisateurs, les amphibiens et les poissons sont particulièrement vulnérables à l’exposition chronique de ces produits. L’ampleur de cette forme de pollution serait insoupçonnée selon les résultats de l’étude, publiée dans la revue Environmental science and Technology.

Une nécessaire prise de conscience européenne

Les chercheurs à l’origine de l’étude appellent à une meilleure coordination européenne sur l’utilisation des pesticides. Tant que certaines substances resteront autorisées dans un pays, elles continueront à polluer l’environnement d’autres États via les courants atmosphériques.

Il devient urgent, selon eux, de mettre en place un suivi régulier des pesticides présents dans l’air et l’eau de pluie, et de renforcer les réglementations en matière de protection environnementale. Les chercheurs rappellent toujours qu’il n’y a pas de "frontière pour la pollution".