©L'observatoire des villes vertes
Environnement

Le végétal, clef de la ville de demain

Il n'y a pas de secret : pour verdir la ville, il faut investir dans les infrastructures végétales ! Mais comment ? C'est ce qu'explique en détail la dernière étude menée par l'Observatoire des villes vertes, l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) et l'association Hortis, les responsables d’espaces nature en ville.

"Pour les Français, la ville idéale est d’abord écologique et végétale", rappelle Catherine Muller, Présidente de l’Unep, pour introduire l'étude que l'Observatoire des Villes Vertes vient de conduire auprès de 21 communes dont les politiques liées au végétal préfigurent des futures tendances de l'ensemble des communes de l'Hexagone (Angers, Besançon, Brest, Caen, Courbevoie, Créteil, Grenoble, Le Havre, Lyon, Marseille, Montigny-lès-Metz, Montpellier, Montreuil, Nantes, Nice, Orléans, Paris, Reims, Strasbourg, Tourcoing et Villeurbanne). Pour ces collectivités les plus en pointe, les infrastructures vertes sont bel et bien un atout pour développer la biodiversité, améliorer le cadre de vie des habitants et favoriser l’attractivité de leur territoire. Et "si les villes françaises souhaitent s’adapter aux aspirations de leurs citoyens, il est impératif qu’elles investissent non seulement dans la création de nouveaux espaces verts, mais également dans la végétalisation des infrastructures existantes", rappelle Catherine Muller.

Mais reprenons avant tout les basiques : la notion "d’infrastructure verte" englobe tous les espaces végétalisés, naturels ou aménagés par opposition aux "infrastructures grises" (routes goudronnées, bâtiments). Bonne nouvelle : ces dernières peuvent aisément être végétalisées pour reverdir la ville et camoufler tout ce béton. Parmi les villes interrogées dans l'étude par exemple, 7 sur 10 ont des projets en cours, qu’il s’agisse de végétaliser des parkings, des toitures de bâtiments collectifs, des voiries ou des ronds-points, comme par exemple la place de la Nation à Paris.

Observatoire villes vertes

"La végétalisation des voies de tramway, à l’instar des travaux démarrés en début d’année à Brest, est encore plus plébiscitée (8 villes sur 10). La végétalisation de pistes cyclables est en bonne voie, même si certaines villes sont plus investies que d’autres en la matière. Ces initiatives peuvent aller jusqu’à la création de véritables "voies vertes", comme à Angers où une ancienne voie ferrée a été entièrement végétalisée afin de relier la ville aux communes avoisinantes, (et permettre aux habitants de les emprunter à pied ou à vélo)" précise aussi l'Observatoire des villes vertes.

Créer de nouveaux espaces verts : parcs, coulées vertes et berges végétalisées en tête

En parallèle de la végétalisation des espaces bétonnés, les villes les plus vertes de France misent aussi sur la création de parcs et jardins : une ville sur deux prévoit d’en créer de nouveaux d’ici 3 ans – à l’instar du futur parc paysager des Aygalades à Marseille. "Sept villes sur dix disposent de coulées vertes et plus d’une sur deux a lancé un projet visant à restaurer ou développer la végétalisation pour renforcer ses berges, valoriser l’écosystème et limiter l’érosion" révèle encore l'Observatoire des Villes Vertes.

Autres infrastructures vertes relativement courantes au sein du panel de l’Observatoire : les zones humides et les noues (fossés) végétalisées. Pas moins de 7 villes sur 10 en sont dotées, et 3 sur 10 projettent d’en implanter de nouvelles dans les 3 prochaines années. "Ces infrastructures sont les principales solutions vertes pour améliorer la gestion des eaux et prévenir efficacement les risques d’inondation" précise l'étude.

Le plus difficile à mettre en oeuvre ? Les forêts urbaines, utiles pour améliorer la qualité de l’air en ville, que seules quatre villes sur dix possèdent et qu'il est difficile d'instaurer en raison des tensions sur le foncier urbain...

Pour Catherine Muller, "Il est rassurant de constater que les collectivités interrogées intègrent la présence d’espaces naturels et aménagés comme des leviers clés de leur développement et se détournent de l’ère de l’artificialisation des sols, cause principale de l’augmentation des inondations. Pour généraliser ces bonnes pratiques auprès de l’ensemble des villes françaises il faudrait, a minima, introduire dans le règlement des PLU et PLU(i) l’obligation de développer les espaces verts".

Montrer l'exemple 

Au sein des mairies de ces villes qui préfigurent la ville résiliente de demain, l'étude note à quel point le service "espaces verts" travaille main dans la main avec la direction de l’urbanisme. C'est "une manière intelligente de s’assurer que les futurs projets urbains tiennent compte du végétal, et que les infrastructures vertes soient envisagées comme des réponses essentielles aux défis de la ville de demain" note le rapport.

Leurs principales motivations sont, pour 9 villes sur 10, la préservation de la biodiversité et l’amélioration du cadre de vie. En revanche, seulement 4 sur 10 mentionnent également la gestion de l’eau. "Un point pourtant essentiel au regard de la multiplication des phénomènes d’inondations ces dernières années. Utiliser des infrastructures végétales permet de diminuer les quantités d’eaux traitées issues des systèmes de récupération artificielle d’eaux de pluie, et réduit ainsi les coûts d’investissement et d’entretien. Cette approche présente en outre l’avantage de favoriser la reconstitution naturelle des nappes phréatiques : au lieu de ruisseler, les eaux de pluie s’infiltrent et sont épurées dans le processus" regrette l'Observatoire.

Pour Jean-Pierre Gueneau, Président d’Hortis : "La force des infrastructures vertes est d’être à la fois une réponse à ces attentes des citoyens, et un levier majeur pour répondre aux défis environnementaux auxquels nos villes doivent faire face : développer la biodiversité, prévenir les inondations et limiter la pollution. Espérons que l’exemple donné par les villes les plus en pointe se diffuse rapidement."