Il a su, avec la même lucidité, rendre hommage au peuple des bêtes enrôlé, bon gré mal gré, dans le conflit. Il nous parle "des pauvres bêtes à la souffrance résignée". Cette capacité de conjuguer la compassion à l'égard de l'homme, comme à l'égard de l'animal, élève l’académicien au rang d'humaniste.
En cette période de célébration, il figurera sûrement parmi les rares à rappeler, par ses témoignages, le rôle essentiel des chevaux qui n'avaient aucune expérience de la guerre, pas plus que les soldats n'étaient familiarisés avec l'attelage des équidés. Résultat : parmi les 10 millions de bêtes qui moururent beaucoup furent davantage victimes des maltraitances (involontaires !) que de la mitraille. Les chiens, dont 100 000 d'entre eux furent mobilisés, n'ont pas démérité. On en équipa 10 000 pour tirer des attelages portant des blessés, des mitrailleuses ou les bagages des fantassins.
Ne pas oublier également les pigeons qui, traçant le ciel au dessus des lignes, restaient bien souvent l'ultime espoir d'un renfort tant attendu. L'un d'entre eux, baptisé "le vaillant" réussit à surmonter l'épreuve des gaz et du plomb en quittant le fort de Vaux pour demander des secours. Son acte héroïque lui valu une citation … et l'attention des chinois qui ont récemment décidé que – toute compte fait – si les satellites et autres moyens de communication du XXIème siècle venaient à disparaitre, les pigeons pourraient se montrer utiles. Un régiment spécial vient d'être affecté aux pigeons voyageurs qui réussiront à maintenir les communications là où les machines pourraient échouer... Retour au passé. Maurice Genevoix n'aurait guère apprécié, lui qui prévenait : "si l'humanité n'était faite que de romanciers, il n'y aurait pas de guerres..."