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Chronique

Condition animale : le retard de la France

C'est en regrettant la politique des petits pas que Nicolas Hulot s'en est retourné à son kitesurf. Aussitôt fait, le gouvernement nous a rassurés en garantissant qu'il poursuivrait la politique engagée... Celle des petits pas ? A l'évidence, oui !

Les députés qui ont signé une tribune dans le Journal du dimanche, titrée "condition animale : l'appel de 85 députés de tous bord", en fait la brillante démonstration. Avec un culot quasi puéril, ils commencent par admettre que sept français sur dix considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques (sondage Ifop 2018) puis enchaînent en soulignant que "la politique, c'est l'art de rassembler", "c'est aussi savoir renoncer à certains combats (...)  pour créer des majorités". Ah bon, il n'existe pas de majorité dans l'hémicycle ? Les mots d'ordre des partis n'ont pas de valeur ?

Après avoir voté des mesurettes du style augmentation des pénalités en cas de mauvais traitement (ce qui malheureusement ne change rien à l'affaire) ou capacité pour les associations de se porter partie civile (ce qui est déjà le cas pour les plus grandes d'entre elles), les députés ont rejeté tous les amendements portant sur l’interdiction de la castration à vif des porcelets, l'élevage en batterie des poules pondeuses et des lapins, le broyage des poussins et des palmipèdes, etc... Toutes ces mesures étant déjà appliquées dans d'autres pays de l'Union Européenne. Poussant le cynisme à l'extrême, les députés ont l’aplomb de se référer à Hugo, Lamartine, Zola ou Yourcenar, tous grands défenseurs de la cause animale pour souhaiter que notre pays, fidèle à sa réputation des Lumières "donne à l'Europe une véritable impulsion à cette cause". Mais c'est la France qui devrait prendre modèle ! C'est elle qui affiche un retard inacceptable en refusant d'effacer la souffrance. C'est encore elle qui tolère les combats de coqs, le déterrage odieux des blaireaux en pleine période de reproduction (alors qu'ils sont protégés dans nombre de pays Européens). C'est toujours elle qui admet le piégeage à la glu, l'étranglement des oiseaux, etc... Les députés signataires font preuve d'une indécence qui n'échappera pas aux électeurs.