Olivier Schneider est Président de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette)
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Environnement

"Le vélo est un outil de résilience"

Alors que le vélo semble être privilégié par nombre de Français depuis le 11 mai dernier, l'opération "coup de pouce vélo" mise en place par le ministère de la Transition écologique et solidaire vise à faciliter notre remise en selle avec une aide à la réparation pour les particuliers. Entretien avec Olivier Schneider, Président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB).

La FUB existe depuis 40 ans, elle fédère près de 400 associations dans toute la France. Son objectif est de participer aux politiques publiques afin de rendre la solution vélo plus attractive.

En quoi le vélo est, selon vous, une solution pour se déplacer ?

Il y a des problèmes liés à la sédentarité, hors le vélo permet de se réconcilier  avec l'activité physique. Et on sait que certaines activités humaines créent des contraintes pour l'environnement. Et le vélo a des impacts positifs : ce n'est pas cher, cela ne fait pas de bruit, cela n'émet pas de pollution ni de gaz à effet de serre, et en même temps c'est bon pour la santé et le bien-être. Les gens ont juste besoin des bonnes conditions pour s'y mettre. Le vélo ne va pas tout résoudre, mais c'est la partie la plus accessible à mettre en place qui permet une certaine sobriété heureuse.

La France est prête à donner une place importante au vélo, comme moyen de déplacement quotidien dans ce contexte de déconfinement ?

Le vélo a un potentiel formidable partout en France, il devient d'un coup le moyen de transport le plus capacitaire, c'est à dire qu'habituellement on compare surtout le vélo à la voiture, et on peut faire passer sur un axe routier six fois plus de cyclistes que d'automobilistes qui ont besoin de plus de place pour stationner et circuler ce qui rend la voiture très peu efficiente en termes d'espace. Donc le vélo est plus efficace que la voiture, mais en règle générale, les transports en commun sont encore plus efficaces que le vélo, car même s'il est très contraint, il permet de transporter beaucoup de personnes à la fois. Mais maintenant que les transports en commun ont leur capacité réduite de 80 ou 85 %, le vélo devient le moyen de transport le plus efficient mais aussi le plus sûr au sens du Covid-19 puisqu'on n'occupe pas une place dans un transport en commun dont quelqu'un peut vraiment avoir besoin, et on ne fait pas non plus le choix de prendre notre voiture ce qui impliquerait de dégrader la qualité de l'air et de créer des embouteillages. Le vélo est donc un outil de résilience, c'est ce qui fait que depuis le 11 mai des collectivités créent des aménagements de transition qui auront vocation à être pérennisés.

Les Français sont en train de ressortir les vélos des caves et garages ?

Cela fait très longtemps qu'il y a une appétence très forte en France pour se déplacer à vélo, mais il manque le système vélo en face. Et ce système qui assure le stationnement, les pistes cyclables et les services, il est compliqué et long à mettre en place. Et finalement c'est la situation d'urgence qui va nous forcer à le mettre en place, tout comme les Pays-Bas suite au choc pétrolier en 1974, tout comme la ville de Copenhague qui s'est mise au vélo suite au second choc pétrolier en abandonnant son plan autoroutier, de la même façon les collectivités en France se sont rendues compte il y a un mois que le déconfinement approchait et que la seule chose à faire serait de combler les lacunes du système vélo. Et une fois que cette terrible crise sera derrière nous, je pense que ce système vélo sera pérennisé. Et je pense que les gens auxquels le vélo a déjà rendu service pendant le mouvement social et qui vont maintenant retrouver leur liberté grâce au vélo, vont désormais entrer dans un point de basculement que nous attendions depuis 40 ans et dont nous nous réjouissons.

Aider financièrement les citoyens pour réparer leur vélo est un levier efficace ?

On avait identifié ce levier de la réparation depuis de nombreuses années, et nous trouvions dommage de ne subventionner que l'achat au détriment des vélos qui dorment dans nos caves et fonds de garages qui n'attendaient que d'être restaurés car un vélo peut durer à vie. Un des buts de ce coup de pouce vélo est d'abord écologique car c'est dommage d'acheter un vélo neuf quand on en a un qui ne demande qu'à être réparé, mais c'est aussi un vélo qui roule bien mais qui est moins attractif pour les voleurs. Le chèque réparation démontre que le réparateur de vélos est un métier d'avenir.

Ce coup de pouce vélo correspond à une enveloppe de 20 millions d'euros, c'est déjà ça mais face aux milliards de prêts garantis consentis aux secteurs automobile et aviation civile, ce n'est pas dérisoire ?

Il ne m'appartient pas de critiquer le choix de soutenir Renault ou Air France, mais je pense que l'effet de levier qu'on va montrer avec ces aides sur le vélo, notamment en termes d'emploi local au ministère de l'Economie devra permettre de faire entrer le vélo dans les domaines stratégiques.

Une interview réalisée par Valère Corréard en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici : 

 

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