Le gouvernement veut réduire de moitié l'usage des pesticides à l'horizon 2030.
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L'agriculture en quête de pratiques plus économes en eau

Entre sécheresses et débats sur les méga-bassines, les agriculteurs français doivent revoir leurs dépenses d'eau à la baisse dans leurs champs. Pour cela, innovations et techniques alternatives s'offrent à eux.

"L’agriculture a besoin de faire œuvre de sobriété", a déclaré son ministre Marc Fesneau le 31 mars, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu le lendemain de l'annonce du plan eau par le président Emmanuel Macron, et la veille des manifestations virulentes contre le projet de méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le secteur primaire consomme plus de la moitié de l’eau douce en France. Si le plan gouvernemental affirme que les prélèvements pour l’irrigation seront stabilisés (3,2 milliards de mètres cubes en 2019), les étés s’annoncent de plus en plus chauds, et les cultures nécessiteront plus d’eau.

Immédiatement après les annonces d’Emmanuel Macron, la Confédération paysanne a réagi, en demandant d’aller plus loin dans la réflexion. Elle est suivie par la FNSEA, le syndicat majoritaire des professionnels agricoles. Les deux instances jugent le plan "trop vague", malgré la promesse du président d’une enveloppe de 30 millions d’euros pour soutenir les initiatives plus économes en eau.

"La réponse doit être un modèle agricole qui relocalise l’alimentation, produit une alimentation de qualité et in fine limite ses prélèvements et protège la ressource en eau", insiste le syndicat des paysans. S’il revient aux agriculteurs d’imaginer de nouveaux modèles, ils peuvent s’inspirer de pratiques alternatives qui existent depuis des années dans la permaculture ou le maraîchage.

Des alternatives à l'irrigation classique

L’irrigation est utilisée surtout pour les cultures très demandeuses en eau, comme le maïs, lors des périodes ou les pluies sont rares. Selon la fédération d'associations France Nature Environnement, la part des surfaces irriguées a grandement augmenté ces dix dernières années, pour atteindre plus de 7% des terres cultivables.

Des modèles plus vertueux sont promus tant par le politique que par les scientifiques et les agriculteurs. Le gouvernement évoque le goutte-à-goutte, qui permet d’économiser au minimum 30 % d’eau par rapport à un arrosage classique. En arrosant seulement les racines, cette technique de micro-irrigation évite de mouiller inutilement les plants, ce qui permet par la même de limiter les risques de maladies comme le mildiou.

La Confédération paysanne promeut de même "les pratiques de retenue d’eau dans les sols". La permaculture se base sur l’idée d’une terre sans cesse nourrie et enrichie. La recouvrir d'un paillage permet de conserver l’humidité au sol. Les plantations ont alors moins besoin d’eau, surtout en période de fortes températures.

Récupération et réutilisation

La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) semble être une autre solution pour diminuer la consommation de la précieuse ressource dans les champs. Riches en nutriments, elles peuvent même être bénéfiques pour les sols et les cultures. Mais selon le Cerema, établissement d’expertise publique, moins de 1 % des eaux traitées sont réutilisées. La pratique est strictement réglementée, et ses coûts sont encore trop élevés pour être incitatifs. Des expériences sont en cours pour étudier la généralisation de la REUT, comme celle menée par l’INRAE dans l’Hérault par exemple.

La collecte et l’utilisation de l’eau de pluie peuvent être encouragées pour l’irrigation d’appoint et l’abreuvage des animaux, là aussi de façon contrôlée et réglementée.

Repenser la gouvernance de l'eau

La confédération paysanne propose enfin des mesures d’ordre plus politique, comme prioriser l’usage aux productions "qui relocalisent l’alimentation et favorisent les emplois en agriculture […] en particulier le maraîchage diversifié". Ou plafonner les volumes d’eau par ferme en fonction de la taille, des terrains, et de l’activité des productions. En bref, repenser les modèles agricoles pour aller vers des exploitations moins monoculturelles et plus sobres. La FNSEA, elle, affirme la nécessité de "la recherche de variétés de cultures plus résistantes au stress hydrique ou encore […] la mise en œuvre de pratiques plus économes. Elle nécessitera un accompagnement volontariste au regard de l’ampleur des changements à venir."

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