"Les attentes sont immenses (...). Je vais faire en sorte que dans les semaines qui viennent de premiers résultats se voient dans les cours de fermes", a-t-elle déclaré sur le perron du ministère, au cours de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Marc Fesneau, très applaudi.
La nouvelle ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt a dit sa "détermination" à mener à son terme la loi d'orientation agricole, dont le parcours législatif a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale.
Elle s'est posée en défenseur des agriculteurs, qualifiés de "chefs d'entreprise", et a affirmé que "le rôle de l'État (était) de soutenir ceux qui produisent".
"Un soutien indéfectible aux agriculteurs"
"Je veux témoigner un soutien indéfectible aux agriculteurs, à tous les agriculteurs, quelles que soient leur région et la spécificité de leur activité", a dit dans cette toute première allocution d'une douzaine de minutes la ministre issue des rangs de LR, vice-présidente de l'Assemblée nationale, députée du Doubs et ex-maire de Morteau.
Pour cette ancienne professeure de français de 68 ans, c'est "une souveraineté alimentaire qu'il nous faut reconquérir".
"Chaque fois que nous surinterprétons une norme européenne, nous nous glorifions d'être plus vertueux que les autres, mais en réalité nous nous tirons une balle dans le pied", a-t-elle déclaré, citant le cas de la betterave sucrière, culture pour laquelle les producteurs réclament le rétablissement de l'autorisation de pesticides interdits en France, mais encore autorisés dans certains cas dans l'UE.
"N'interdisons pas avant de proposer des solutions, sinon c'est l'impasse", a-t-elle lancé, reprenant d'emblée le credo du syndicat majoritaire FNSEA.
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"Alléger la paperasse, réduire les interdits..."
Pour elle, "le chantier de la simplification normative est prioritaire. Redonner du bon sens à toutes les règles : les dates agronomiques choisies sans réalisme, alléger la paperasse, réduire les interdits... je vais m'y atteler dans la continuité et avec méthode".
Exprimant son "immense admiration" pour une profession difficile, elle a indiqué qu'elle rencontrerait très vite les agriculteurs et leurs syndicats, précisant qu'elle se rendrait la semaine prochaine à Clermont-Ferrand au Sommet de l'élevage.
Elle a dénoncé les "procès très injustes, exprimés quelque fois violemment" à l'égard de la profession, fustigeant les "activistes qui détruisent les moyens de production et l'outil de travail indispensable pour nous nourrir".
Le ministre sortant, Marc Fesneau, arrivé en mai 2022, l'a appelée à tenir les engagements pris au moment de la dernière crise agricole, mais pas seulement.
"Ce n'est pas ici qu'un ministère de crise, mais davantage un ministère dont la vocation première doit être de donner et retrouver à nouveau du sens. Parce que le sens même de ce que font nos agricultrices et agriculteurs est aujourd'hui interrogé, par la sédimentation de difficultés profondes et anciennes, mais aussi par des défis nouveaux comme le changement climatique ou les attentes sociétales émergentes", a-t-il dit.
"Alors pour donner du sens, il faut savoir se donner du temps (...), s'affranchir des conservatismes et des immobilismes de toute nature et se défier des postures et parfois de la facilité. Le monde agricole mérite une parole claire, qui soit tenue. Il est, à sa base, contrairement à l'image dans laquelle il est parfois enfermé, prêt au changement", a-t-il estimé.
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Avec AFP.