Quelque 4,4 millions d'euros de bonus réparation ont été distribués en 2023 aux consommateurs pour 178 000 réparations, selon des chiffres au 2 janvier communiqués par le groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils et d'équipement ménager (Gifam), qui représente 51 groupes et 118 marques.
C'est moins de 10 % de l'enveloppe mise à disposition pour ce fonds financé par l'"éco-contribution" incluse dans le prix des appareils neufs, déplorent les ONG environnementales Zero Waste France, France Nature Environnement, No Plastic In My Sea, Les Amis de la Terre France et Surfrider Foundation Europe. La faute, selon elles, à une prise en charge trop faible.
"Les bonus en vigueur ne sont pas suffisamment incitatifs", dénoncent ces ONG dans un rapport d'évaluation, quatre ans après l'entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage (Agec). Elles regrettent que l'État ait réduit à 10 %, contre 20 % prévu initialement, le taux plancher de prise en charge du coût des réparations, dans le décret gouvernemental qu'elles contestent devant le Conseil d'État.
Le prix des réparations à la hausse
L'argument semble d'autant plus pertinent que le prix des réparations a augmenté : "on a constaté une tendance à la hausse du coût moyen de la réparation, avec une augmentation allant de 10 à 15 % pour les équipements les plus réparés et une augmentation en moyenne de 8 % tous équipements confondus", souligne à l'AFP Ibtissam Mozher, analyste socio-économique à l'association de consommateurs CLCV et responsable de l'observatoire du fonds réparation.
Un phénomène provoqué selon elle par l'inflation, mais peut-être aussi "aux comportements opportunistes de certains réparateurs".
Mais à en croire les industriels, le coeur du problème est ailleurs. "Tant qu'on n'a pas plus de réparateurs labellisés, on ne peut pas aller plus vite que la musique", a ainsi expliqué Camille Beurdeley, déléguée générale du Gifam, lors d'une conférence de presse.
Quelque 829 entreprises ont été labellisées "Qualirépar", sésame requis pour proposer le bonus réparation, et 4 708 points de réparation sont aujourd'hui disponibles sur le territoire, de surcroît répartis de façon inégale selon les régions.
L'entretien, maillon faible
"Le pire ça serait de labelliser des gens qui n'ont pas les compétences pour réparer et derrière de ne pas avoir une satisfaction dans l'utilisation du fonds", prévient Mme Beurdeley.
Autre point encore perfectible, seul "un consommateur sur deux connaît l'existence de ce bonus", selon Mme Beurdeley, qui annonce une campagne "dans les prochaines semaines par les éco-organismes pour faire monter encore la connaissance de ce fonds".
Autre levier envisagé pour désengorger les échoppes des réparateurs et réduire les délais de prise en charge : inciter les consommateurs à mieux entretenir leurs appareils.
Environ une panne sur deux est liée à un problème d'entretien des appareils et environ une réparation sur deux n'est pas une véritable réparation, mais une opération de nettoyage de l'appareil, selon le Gifam.
Un constat qui a poussé l'agence de la transition écologique Ademe à mettre en place une campagne d'information avec industriels et distributeurs pour inciter les consommateurs à mieux entretenir leurs appareils.
Des besoins en formation
La campagne, lancée jeudi sur les réseaux sociaux, met en scène divers appareils sur un mode humoristique. S'adressant à son propriétaire, le lave-vaisselle déclare : "Il faut qu'on parle. J'ai besoin que tu mettes du sel dans ma vie", tandis que la cafetière "broie vraiment du noir", appelant implicitement à un détartrage.
Malgré tout, la filière craint un déficit persistant de réparateurs, d'autant que la demande va augmenter : "on estime qu'il va nous manquer environ 2 900 techniciens d'ici 2027 pour satisfaire cette demande de réparation", a déclaré à l'AFP Alexandrine Fadin, directrice économie circulaire et énergie du Gifam.
Il faut donc "former plus, rendre plus attractif le métier de réparateur", ajoute-t-elle, en appelant notamment aux pouvoirs publics.
Avec AFP.
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