Une seconde vie est possible pour les contenants en verre.
©Livchak Vera/Shutterstock
Environnement

Des bouteilles et des pots standards pour favoriser le réemploi des emballages

Bientôt notre bière ou notre pâte à tartiner favorites dans des contenants en verre consignés? La France veut encourager les industriels à recourir à des emballages standards - bouteilles ou bocaux - réutilisables indifféremment par des marques diverses.

Les deux grands fabricants de verre en France, Verallia et O-I, ont signé mardi un protocole d'accord pour mettre sur le marché une trentaine de modèles de contenants en verre réutilisables, élaborés à la demande de Citeo, l'éco-organisme désigné par l'Etat pour gérer la fin de vie des emballages.

L'industrie agroalimentaire pourra se procurer ces contenants standards, à même de convenir au plus grand nombre de chaînes de production. L'objectif est que le consommateur rapporte ensuite le contenant vide à son magasin ou à son supermarché, contre paiement d'une consigne.

Recycler les emballages ne suffit plus pour réduire les montagnes de déchets et préserver les ressources en eau ou en énergie: "vrac, réemploi, recharge font désormais partie des solutions", a souligné le directeur général de Citeo, Jean Hornain.

Cette standardisation est indispensable car c'est la condition nécessaire pour mutualiser les emballages et les réemployer.

Encore faut-il "dépasser le stade de l'expérimentation et des initiatives régionales", ajoute le patron de Citeo, qui réunissait mardi plusieurs acteurs autour de la démarche réemploi: distributeurs (Biocoop, Carrefour, Leclerc, Intermarché), industriels (Danone, Coca Cola, Nestlé Waters, Andros, Heineken, Ecotone), verriers...

L'objectif est de "structurer un dispositif national" d'ici mai 2024. La secrétaire d'Etat à la Transition écologique Bérengère Couillard a annoncé l'instauration pour janvier 2024 d'un "bonus" d'éco-contribution "pour les producteurs qui utiliseront cette gamme d'emballages réemployables".

"Cette standardisation est indispensable car c'est la condition nécessaire pour mutualiser les emballages et les réemployer," a-t-elle dit. Pour elle, la société est "prête" à réadopter la consigne, "arrêtée brutalement dans les années 80". La ministre a toutefois déploré "le double langage porté par certaines entreprises qui cherchent à promouvoir la société du tout jetable, à Bruxelles" où se discute le projet de nouveau règlement européen sur les emballages.

Le flacon doit être beau ! 

Les Français consomment chaque année plus de 100 milliards d'emballages, dont plus de la moitié faits de plastique à usage unique. La loi Anti-gaspillage (Agec) de 2020 a fixé pour 2027 un objectif de 10% d'emballages réemployés. Avec un taux de 1 à 2% aujourd'hui, "la marche est haute", a reconnu Bérangère Couillard, pour qui "les industriels doivent s'approprier ces solutions".

Citeo dit travailler aussi à des emballages standards en plastique (PET, polypropylène...) ou en inox. Mais la démarche n'est pas simple, selon Fabrice Peltier, le consultant en éco-conception qui a dû longuement penser les emballages en verre présentés mardi.

Chaque pot ou bouteille est rond, pour faciliter le nettoyage, de légères aspérités viennent protéger l'étiquette, qui ne doit être ni vernie ni trop épaisse pour se retirer aisément... Une bouteille typique des vins de Bordeaux et une autre de Bourgogne sont même prévues. L'objet doit en outre "être beau!" estime Carrefour, qui teste déjà depuis deux ans la vente en contenants réutilisables dans 70 magasins.

Pour l'enseigne, c'est "un moyen de se différencier", auprès de clients de toutes générations, explique à l'AFP le directeur RSE Bertrand Swiderski. Et un moyen de "fidéliser les consommateurs", qui reviennent avec leurs bocaux vides. Consigne incluse, le prix payé est le même qu'en version jetable pour l'eau ou la bière, ajoute-t-il. Il devrait bientôt être aligné pour des produits comme les céréales.

Les verriers de leur côté attendent désormais les commandes de pots et flacons standards, leur réservant une capacité de production prioritaire, a dit Pierre-Henri Desportes, président de Verallia France, qui se verrait bien à terme grignoter la part des emballages aujourd'hui en plastique.

Avec AFP.

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