Emmanuel Macron.
©MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP
Environnement

Ceta : "Il fallait le dire quand on était en responsabilité", réplique Macron à Hulot

"Il fallait le dire quand on était en responsabilité": Emmanuel Macron a répliqué lundi 22 juillet à l'ex-ministre Nicolas Hulot qui a appelé les parlementaires à s'opposer au traité de libre-échange UE-Canada (Ceta), soumis le lendemain au vote de l'Assemblée.

L'ancien ministre de la Transition écologique a incité dans une lettre ouverte les parlementaires à avoir "le courage de dire non" à ce texte, qui risque à ses yeux d'ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires.

"Demain, chacun de vous aura plus de pouvoir que tous les ministres de l'Ecologie réunis. Demain, chacun de vous sera libre de voter contre la ratification du Ceta et exiger ainsi la réouverture des négociations", écrit M. Hulot dans ce courrier publiée lundi 22 juillet sur le site de franceinfo.

"Quand on s'est battu pour améliorer un texte (...), on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire", lui a répondu à distance le chef de l'Etat, indiquant avoir "lu la tribune" de l'ex-ministre, devant la presse après une rencontre avec le président des Comores Azali Assoumani à l'Elysée. Il cite entre autre la mise en place d'un "dispositif de surveillance" et de "clauses de sauvegarde environnementale".

"Est-ce que tout est garanti de toute éternité ? Jamais. Donc il nous faudra être vigilants. Est-ce que, aujourd'hui, il serait responsable, après le travail fait, de dire que ce que nous-mêmes avons fait n'est pas effectif, je ne le crois pas" ajoute le Président. "Je crois que le véritable idéalisme consiste toujours à regarder le réel", a-t-il expliqué, estimant qu'une ratification du Ceta irait "dans le bon sens mais en nous donnant les moyens dans la durée de s'assurer qu'il est bien mis en oeuvre sur le plan national comme sur le plan européen. Nous, nous continuerons à porter cette exigence sur le plan européen" a-t-il ajouté. Lorsqu'il avait été élu président en mai 2017, le texte du Ceta "était signé, largement négocié (...) et n'avait plus qu'à être ratifié" explique-t-il. 

"Si avec le Canada de Justin Trudeau, nous ne savons pas trouver des accords et des moyens de respecter nos engagements climatiques, avec qui signera-t-on des accords ?", s'est-il interrogé. Pour Emmanuel Macron, "ce qui se joue, c'est la définition d'un nouveau modèle commercial", qui "intègre les critères environnementaux et sociaux". Mais si nous décidons de refuser "par principe tout accord commercial, alors nous nous isolons nous-mêmes", a-t-il estimé.

Nicolas Hulot, qui a démissionné du gouvernement en septembre 2018, critique vivement les accords de libre-échange, comme celui fraîchement conclu avec le Mercosur, en les présentant comme "antinomiques" avec la lutte contre le réchauffement climatique. Il s'inquiète maintenant des normes et de la remise en cause du principe de précaution dans le cadre de cet accord controversé, qui a déjà donné lieu à de vifs débats à l'Assemblée mercredi dernier. Le Ceta doit être ratifié par les 38 assemblées nationales et régionales d'Europe, d'où le vote de l'Assemblée mardi 23 juillet, puis au Sénat à une date qui reste à définir.

Les normes ne sont pas les mêmes

Perturbateurs endocriniens, pesticides et autres substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques pourraient faire leur entrée en Europe par cet accord commercial, qui doit supprimer les droits de douanes sur 98 % des produits échangés entre les deux zones, selon l'ancien ministre. "Le gouvernement a dû finalement reconnaître que les normes qui s'appliquent sur le sol européen et celles qui s'appliquent à l'importation ne sont pas les mêmes en matière sanitaire et phytosanitaire", a souligné notamment Nicolas Hulot dans la lettre ouverte.

"Ce que je regrette, c'est qu'il ait renoncé d'une certaine façon à agir", a réagi sur France Inter le ministre des Relations avec le parlement Marc Fesneau. "Nous avons porté la sortie du glyphosate en trois ans, la fin des centrales à charbon, la fin de l'exploitation des hydrocarbures, ce qui compte pour moi, c'est les faits concrets et pas ce qu'on peut raconter dans les tribunes".

Nicolas Hulot "a raison d'insister sur la gravité de l'enjeu et sur ce pouvoir que détient chaque député de dire non à un traité commercial qui accélère et aggrave le changement climatique", a approuvé au contraire la députée et présidente de Génération écologie Delphine Batho sur Franceinfo.

Avec AFP 

Vous avez apprécié cette information ? Pour nous permettre de préserver notre indépendance et vous proposer des contenus toujours plus nombreux et rigoureux, vous pouvez soutenir notre travail. 

Si vous avez une minute et 1€, cela peut faire la différence pour nous. Merci ! #TousActeurs.