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Environnement

Arrêté anti-pesticides : le maire de Langouët convoqué devant le tribunal administratif, Macron lui répond

Jeudi 22 août, le tribunal administratif de Rennes ouvrira une audience concernant l'arrêté anti-pesticides pris par le maire de la commune en mai dernier. C’est la préfecture qui a saisi la juridiction dans le but de faire annuler cette décision dépassant, d’après elle, les compétences de la mairie. 

La commune de Langouët est "engagée depuis 20 ans dans la transition écologique", assure son maire, Daniel Cueff, à l’AFP. Divers aménagements sont pensés dans le but de permettre aux quelques 600 habitants de ce village d’Ille-et-Vilaine, une qualité de vie optimale et respectueuse de l’environnement. C’est dans cette démarche que Monsieur Cueff, soutenu par une part de la population de Langouët, a décidé d’instaurer des zones non traitées (ZNT) à moins de 150 mètres des habitations. 

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"Les enfants de Langouët mangent bio à la cantine, habitent dans des bâtiments éco-conçus mais ils se déplacent et vivent près des champs et on a retrouvé des taux de glyphosate très élevés dans les urines de deux d’entre eux" déplore, au journal Le Monde, Nicole Duperron-Anneix, membre du collectif Nous voulons des coquelicots de Langouët. En soutien à Daniel Cueff, les membres de ce collectif se sont rassemblés samedi 17 août devant la préfecture, à Rennes, implorant Michèle Kirry de se raviser : "Madame la Préfète, laissez nos maires nous protéger", pouvait-on lire sur les banderoles.

Cette décision est importante pour le futur des communes de Le Perray, L’Avesnois… Dont les maires ont eux aussi pris des arrêtés de ce type, dans le but d’en finir avec les pesticides de synthèse, classés depuis 2015 comme étant des "cancérigènes probables" par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 

Un nouvel appel à la mobilisation a été lancé jeudi, jour d’ouverture de l’audience. Elle visera à trancher si oui ou non, la protection de la santé des habitants relève du domaine des compétences propres du maire dans le cadre des prérogatives de police administrative qui lui sont attribuées, assurant ainsi : bon ordre, tranquillité, salubrité publique et surtout sécurité. 

Jeudi 22 août, avant son audition, Daniel Cueff prend la parole sur le parvis du tribunal administratif de Rennes où se sont réunies quelques 500 personnes, selon la police.

Habitants de Langouët, presse, associations, politiques les soutiens sont divers mais la lutte est commune : Stop aux pesticides ! Tous ont répondu à l'appel lancé par les associations environnementales et les fameux "Coquelicots" du groupe Nous voulons des Coquelicots. Symbole de l'interdiction des pesticides de synthèses, Daniel Cueff a été acclamé à sa sortie du tribunal. Europe Ecologie les Verts lui a accordé une standing ovation à l'occasion de ses journées d'été à Toulouse. 

Durant son intervention, le maire de Langouët rappelle ce pourquoi il a été convoqué devant le tribunal ce jeudi. Il fait état et remercie les preuves de soutien qu'il a reçu. Le jugement est actuellement en délibéré, au micro de FR3 Bretagne, Daniel Cueff expose sa défense : "Un maire a le devoir et la responsabilité de prendre, au titre de ses pouvoirs de police, toutes mesures de nature à prévenir et à faire cesser toutes pollutions sur le territoire de sa commune". 

Daniel Cueff interpelle le président de la République 

Vendredi 23 août, le président de la République a répondu à Daniel Cueff par l'intermédiaire de Konbini news

Dans le jardin de l'Elysée, le président Macron, souriant, répond au maire de Langouët. Il l'avait interrogé sur la décision de la préfète de la région Bretagne d'interdire l'arrêté municipal anti-pesticide. "Le préfet fait son métier, il y a des lois, il faut les respecter" déclare le président de la République face à la caméra de Konbini news.

La solution n'est pas de prendre un arrêté qui n'est pas conforme à la loi, c'est de mobiliser pour changer la loi." - Emmanuel Macron pour Konbini news

Il parle d'un "système mis en place" pour "réduire progressivement les pesticides" et demande des "solutions concrètes" pour la commune de Langouët. Emmanuel Macron souligne qu'il est cependant nécessaire d'aller vers un "encadrement des zones d'épandage des pesticides" parce qu'il est clair que cela provoque des "conséquences sur la santé publique". 

Le Président termine par exprimer son soutien au maire de Langouët "dans ses intentions" mais ajoute tout de même ne pouvoir être "d'accord quand on ne respecte pas la loi". 

La décision du tribunal administratif de Rennes est attendue dans le courant de cette semaine.

MISE A JOUR : Le tribunal administratif de Rennes a suspendu mardi 27 août, l'arrêté anti-pesticides pris par le maire de Langouët. 

L'arrêté pris le 18 mai dernier mettait en évidence l'inaction du gouvernement face aux demandes de régulation par la population, de l'utilisation des pesticides, notamment près des habitations. 

Le soir même à 18h, le comité de soutien au maire de Langoüet a appelé au rassemblement devant la Préfecture, à Rennes. 

Cet appel à mobilisation n’a d’autre but que de montrer le soutien d’une partie conséquente de la population à la décision du maire de Langouët de faire appel de la décision rendue ce mardi. - David Thomas, Pascal Branchu et Maxime Ollivier, coordinateurs du comité pour Ouest France

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