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Deux Bretonnes recyclent des combinaisons de plongée en pulls

Maud et Marie Paillardon ont eu la bonne idée de recycler des combinaisons de plongée pour leur marque de pulls bretons : Téorum.

À force d’entendre leur père, Marc, déplorer qu’il n’existe aucune marque pour exprimer sa passion pour la plongée, Maud et Marie Paillardon ont fini par la créer. Elles l’ont appelée Téorum, à prononcer « thé au rhum ». « C’est le nom de la boisson partagée par les plongeurs après une session, raconte Marie, 25 ans, elle-même fan de randonnée palmée (snorkeling). C’est un moment convivial où chacun en profite pour raconter ce qu’il a vu sous l’eau. » 

Avant de se lancer, les deux Costarmoricaines ont sollicité la communauté de plongeurs, « très sensible à l’univers marin, à l’environnement », pour savoir ce qu’ils attendaient d’une marque de « divewear » (vêtements de plongée). Grâce aux réseaux sociaux, une centaine de réponses leur parviennent. « Les gens interrogés voulaient surtout un vêtement à porter au quotidien, sobre, à mettre au bureau. Ce qui n’est pas toujours le cas des tee-shirts à message », souligne Marie. 

Les combis incinérées ou enfouies

Avec sa sœur, elle mise sur les pulls, « pour retrouver l’esprit marin ». Maud et Marie Paillardon imaginent ensuite intégrer des éléments en néoprène sur les épaules et sur les coudes. Mais pas question d’acheter de la matière neuve, « pas très écolo ». Elles pensent alors au recyclage : « Les particuliers et les clubs sont généralement bien embêtés parce qu’il n’existe pas de filière nationale pour revaloriser le néoprène des combinaisons de plongée. » 

Depuis une dizaine d’années, des initiatives locales, comme celle de l’association Néocombine, permettent de récupérer les combis et de les transformer en bijoux ou en sacs. C’est une forme d'« upcycling ». Du reste, elles sont jetées, puis incinérées ou enfouies. Un vrai gâchis, d’autant qu’il faut beaucoup d’énergie pour fabriquer ce matériau très résistant, capable de maintenir la chaleur et une certaine liberté de mouvement en même temps. 

Marc Paillardon et ses deux filles, Marie et Maud, créatrices de Téorum.
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En 2017, les entrepreneuses ont collecté des combinaisons directement auprès des clubs de leur région. Des magasins spécialisés ont aussi joué le jeu, comme Scubaland, à Brest (Finistère). « On a organise l’opération « Recycle ton ancienne combi » durant trois semaines en octobre, détaille Brice Duranteau, chargé de communication. En ramenant leur vieille combi, les clients pouvaient obtenir 10 % pour l’achat d’une combinaison neuve. On en a récupéré une quinzaine. » 

« Made in Bretagne »

Téorum a aussi permis à une autre boutique finistérienne de ne pas jeter ses invendus lorsqu’elle a mis la clé sous la porte. « Il nous restait 28 pièces. En faisant des recherches sur Internet, on est tombés sur la marque. On leur a cédé le stock pour un euro symbolique », se souvient Karine Raine, la gérante. Reste à « laver, désinfecter et découper » les combinaisons collectées. 

Le garage de la famille Paillardon, où est « stocké tout l’attirail de plongée », est réquisitionné. Maud et Marie livrent ensuite les morceaux de néoprène jusqu’à l’atelier de leur partenaire, Royal Mer, où ils sont cousus sur les pulls en mérinos. L’usine, spécialisée dans le tricotage, est implantée près de Nantes (Loire-Atlantique). « On voulait produire du « made in France », et si possible du « made in Bretagne ». Grâce à un partenariat, on bénéficie de leur savoir-faire, mais aussi de leur réseau. Nos pulls seront à vendre dans leurs boutiques, les coopératives maritimes… », annonce Marie Paillardon. 

200 pulls fabriqués

Deux cents pulls ont été produits à l’automne, pour les besoins de la campagne de crowdfunding. « On a vendu 60 pulls par ce biais. Les 8 300 € récoltés sur Ulule vont nous permettre de financer une partie de la première collection », précise l’ex-étudiante rennaise. Deux modèles hommes et femmes seront commercialisés : un gris et un marine, à 149 € pièce. Les pulls sont marqués d’un petit drapeau rouge avec une diagonale blanche. « C’est le pavillon qui sert à se signaler aux bateaux lorsqu’on plonge, éclaire Marie Paillardon. Sans ça, nos pulls ressemblaient un peu trop à ceux de la police. »

À terme, la marque, déjà primée (prix du public au concours Jeunes entrepreneurs 2017 et 3e prix catégorie « création d’entreprises au Pépite Challenge Bretagne), voudrait habiller les fans de plongée de la tête aux pieds. Et créer des accessoires. « On arrive à recycler 70 à 80 % d’une combinaison avec les pulls. Alors on pense utiliser les chutes pour fabriquer des pochettes d’ordinateurs par exemple », imagine Marie Paillardon. Et que deviennent les fermetures éclair ? « On ne les jette pas, on les donne à la recyclerie de Plérin, à Saint-Brieuc. »

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