En France, près d'un foyer sur quatre utilise désormais un système de climatisation. Selon l’ADEME, l’intensification des vagues de chaleur ces dernières années a fait grimper le taux d’équipement en climatisation des ménages, passant de 14 % en 2016 à 25 % en 2020. Mais ce phénomène ne se limite pas à la France : à l’échelle mondiale, ventilateurs et climatiseurs représentent environ 10 % de la consommation d’électricité, soit près de 2 750 TWh par an.
Une brique "climatisante" ?
Conscients de ces enjeux, Chee Kin Chong et Kah Zun Ng, deux étudiants de l'Asia Pacific University of Technology and Innovation, ont décidé de proposer une alternative durable à l’occasion du James Dyson Award, un concours dédié aux innovations en ingénierie du design. Leur solution, baptisée Brikoole, repense les matériaux de construction pour offrir un contrôle de la température dans les bâtiments sans recourir à l’électricité. Leur slogan résume bien leur approche : "Révolutionner le refroidissement des maisons de manière naturelle. Pas d'électricité, pas de bruit, juste Brikoole."
Cette idée ambitieuse est née des préoccupations liées aux récentes vagues de chaleur qui ont affecté la Malaisie, comme de nombreuses autres régions du globe. L’un des étudiants, Chee Kin Chong, explique : "un de mes proches a récemment subi une forte augmentation de sa facture d’électricité, mettant sa famille en difficulté financière. Cela m’a motivé à creuser davantage ce problème."
Des inspirations assumées
Le concept de Brikoole repose sur une brique innovante dotée de trous de ventilation stratégiquement placés, utilisant le principe du refroidissement par évaporation. Pour y parvenir, les deux étudiants expliquent avoir puisé leur inspiration dans diverses sources naturelles et architecturales : "Nous nous sommes notamment inspirés des systèmes de ventilation sophistiqués des termitières, de l’élégante efficacité des capteurs de vent dans l'architecture traditionnelle du Moyen-Orient, des propriétés rafraîchissantes des fontaines Salsabil, et des capacités de régulation thermique des céramiques poreuses."
Concrètement, Brikoole utilise une structure en plusieurs couches pour optimiser son effet rafraîchissant. La brique est dotée de trous de ventilation permettant à l’air de circuler librement. À l’intérieur, une maille en nid d’abeille imprimée en 3D à base de PLA bois (prévue pour être remplacée par de la céramique dans les versions futures) maintient un environnement humide grâce à un système de distribution d’eau intégré. L’air, en traversant cette structure, se refroidit par évaporation avant d’être dirigé à l’intérieur des bâtiments.
Des résultats prometteurs
Les premiers tests réalisés par les étudiants montrent que Brikoole permet de réduire la température intérieure des bâtiments de 6 degrés Celsius en moyenne. Selon leurs estimations, cette technologie pourrait permettre des économies d'énergie substantielles, avec un potentiel de réduction annuelle de 8,02 milliards de kWh, soit une baisse des émissions de dioxyde de carbone de 5,21 millions de tonnes métriques.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
En outre, les deux étudiants explorent des variations de design potentielles pour répondre à des types de bâtiments spécifiques et aux défis climatiques régionaux. "Notre vision à long terme implique de favoriser des partenariats avec des entreprises de construction avant-gardistes afin de faciliter la mise en œuvre de cette technologie révolutionnaire, transformant potentiellement le paysage de l’architecture durable", expliquent-ils.