Paul François, figure de la lutte contre les pesticides.
©KENZO TRIBOUILLARD/AFP
Justice

Paul François, l'agriculteur qui a fait condamner Monsanto, agressé chez lui

C'est un visage de la lutte contre les pesticides : l'agriculteur Paul François, qui avait fait condamner Monsanto, a été agressé chez lui la semaine dernière en Charente, où le parquet a ouvert une enquête pour "violences en réunion".

Le céréalier, fondateur de l'association Phyto-victimes, a été frappé et ligoté par trois personnes dans son garage à Bernac, au nord d'Angoulême, a déclaré à l'AFP son avocat Me François Lafforgue, étayant des informations de la presse locale. Il a également confirmé que les agresseurs l'auraient menacé en déclarant "On en a marre de t'entendre et de voir ta gueule à la télé".

Trois circonstances aggravantes ont été retenues par le parquet : "violences en réunion", "arrestation et séquestration", et "administration de substances". France 3 Nouvelle-Aquitaine affirme que les agresseurs ont tenté de lui faire avaler un liquide. Ils se seraient enfuis au moment où des lumières se sont allumées à l'extérieur du domicile. Aucun d'entre eux n'a encore été identifié et les gendarmes se sont rendus sur place. L'avocat de Paul François envisage "sérieusement de porter plainte mais l'urgence était qu'il sorte de cet épisode traumatisant". "Nous demandons que l'enquête soit menée le plus rapidement possible pour retrouver les coupables dans les meilleurs délais", a ajouté Me Lafforgue.

Marathon judiciaire

Paul François est connu pour son combat judiciaire de 14 ans qui avait mené à la condamnation en 2019 du groupe agrochimique Monsanto, racheté par l'allemand Bayer. L'agriculteur avait été longuement hospitalisé après avoir été intoxiqué par l'herbicide Lasso en avril 2004. Il avait frôlé la mort avant d'assurer souffrir de graves troubles neurologiques. Monsanto avait été alors reconnue responsable d'avoir commercialisé des "produits défectueux".

La justice a estimé que le groupe agrochimique aurait dû signaler le danger spécifique d'utiliser le produit en cas de travaux dans des cuves mais ne s'est pas prononcée sur la toxicité même du Lasso. En 2020, après le rejet par la Cour de cassation d'un pourvoi formé par le groupe Bayer, Paul François avait estimé que le procès montrait "qu'un simple citoyen peut faire condamner une multinationale". L'homme, qui a fêté ses 59 ans le mois dernier, devait, de son côté, toucher un peu plus de 11 000 euros d'indemnités. Une "mascarade", avait dénoncé en décembre 2022 le céréalier pour qui il fallait interroger "comment le droit français protège les firmes, ne donne pas la possibilité aux citoyens d'entamer des procédures comme celle-ci".

Vendredi, plusieurs élus ont dénoncé cette agression, de la sénatrice socialiste de Charente Nicole Bonnefoy aux écologistes Sandrine Rousseau ou Damien Carême, qui "espère" sur Twitter "que les 'agro-terroristes'" qui s'en sont pris à Paul François "seront rapidement interpellés et lourdement condamnés". Le président du MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) Pierre Thomas s'est également dit "extrêmement choqué" dans un communiqué. Le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, a appelé à renforcer la protection de Paul François "qui subit depuis longtemps des pressions énormes et maintenant est agressé". Les associations Générations futures, Henri Pézerat et Phyto-victimes, qui luttent notamment contre les dangers des pesticides, craignent de leur côté que "cette agression sauvage" ne soit en lien avec "ses activités militantes".

Avec AFP. 

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