Bill Mollison, professeur de biologie, et son élève David Holmgren sont considérés comme les fondateurs de la permaculture. En 1978, les deux scientifiques australiens livrent leur pensée et leur méthode dans l'ouvrage Permaculture one. Au-delà des techniques agricoles novatrices, c’est tout un ensemble de principes qu’ils vont coucher sur le papier. Contraction de "permanence" et "agriculture", la permaculture propose une véritable philosophie du soin et du partage. Elle repose sur trois éthiques, que Mollison et Holmgren vont détailler tout au long de leur vie. Celles-ci sont enrichies depuis par les philosophes, chercheurs, et permaculteurs.
Prendre soin de la nature et des hommes
La première éthique de la permaculture est de "prendre soin de la nature". D’un point de vue agricole, il s’agit d’entretenir et de nourrir les sols plutôt que de prendre à la terre ses ressources. L’idée est de s’inspirer des écosystèmes naturels, comme les forêts, les clairières, et de les reproduire à la plus petite échelle, pour que les hommes puissent subvenir à leurs besoins.
Ainsi la terre n’est jamais labourée, plusieurs espèces végétales sont plantées ensemble pour qu’elles interagissent positivement entre elles, et évidemment, l’usage de produits chimiques est prohibé. Il faut pour cela observer la nature, penser en amont comment construire un concept de culture pérenne avec les contraintes qu'elle impose. Penser par exemple aux oiseaux et autres animaux qui peuvent être des "auxiliaires" du potager, à l’ensoleillement du terrain, ou la composition des sols.
Les 12 principes essentiels de la permaculture pour Holmgren (Permaculture : Principles and Pathways Beyond Sustainability, 2002) :
- Observer et interagir
- Collecter et stocker l’énergie
- Obtenir des résultats
- Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction
- Utiliser et valoriser les ressources et services renouvelables
- Ne pas produire de déchets
- Concevoir en partant du général pour aller aux détails
- Intégrer plutôt que séparer
- Utiliser des solutions lentes et à petite échelle
- Utiliser et valoriser la diversité
- Utiliser les bordures et valoriser les marges
- Être créatif face aux changements
Les deux autres éthiques de la permaculture sont ainsi énoncées : "prendre soin des hommes" et "créer de l’abondance et redistribuer le surplus". Inspirée par la philosophie de Darwin, la pensée permacole considère les hommes comme faisant partie d’un écosystème plus large, où ils évoluent avec la nature, mais aussi avec leurs pairs, dans des communautés plus ou moins larges. Que ce soit avec la famille, les amis, dans un écovillage, ou avec la faune alentour, il faut partager les ressources et les fruits des récoltes.
Une vie simple
De fait, les principes d’Holmgren s’appliquent aussi aux individus. Pratiquer la permaculture, c’est avant tout mettre en accord sa vie et ses idées. Le mouvement est né dans le rejet des systèmes ultra-consuméristes et de la surconsommation. Au contraire, il appelle à retrouver de l’émerveillement et de l’attention envers l’environnement proche, à privilégier "les solutions lentes et à petite échelle" (encadré), et entretenir des relations apaisées avec les vivants et le non-vivant. L’autonomie alimentaire implique de vivre une vie simple. Comme le philosophe Épicure ne jouissant que des plaisirs essentiels, et comme Voltaire le rappelle à la fin de Candide, "il faut cultiver son jardin".
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