Une "bombe sociale": les députés La France Insoumise préconisent une refonte des zones à faibles émissions (ZFE), qui visent à bannir progressivement les véhicules les plus polluants des grandes agglomérations, pour éviter que les classes populaires ne soient pénalisées.
"Les ZFE sont ressenties comme profondément injustes", ont rapporté lundi devant la presse Sylvain Carrière et François Piquemal, élus respectivement des agglomérations de Montpellier et Toulouse.
Selon une récente consultation menée par le Sénat, 86% des particuliers et 79% des professionnels se disent opposés au déploiement des ZFE. Le rapporteur de la mission de contrôle sénatoriale sur le sujet, Philippe Tabarot (LR), a aussi alerté du risque d'une "bombe sociale supplémentaire".
Après la création de 11 ZFE-m en 2019, la loi climat et résilience de 2021 a prévu leur généralisation dans les quelque 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants en France métropolitaine avant le 31 décembre 2024.
Leur objectif est d'améliorer la qualité de l'air et de limiter les émissions de particules fines, responsables de maladies respiratoires et de 40.000 décès par an selon Santé Publique France.
"Cela part d'une bonne idée" mais "on a mis la charrue avant les boeufs", en ne prévoyant pas de conditionner le déploiement des ZFE à l'offre de transports en commun, selon les deux élus LFI.
Dans une proposition de loi pour le "bon développement des ZFE", ils demandent de suspendre ces zones là où le temps de trajet en transports en commun est supérieur à 1,5 fois le temps de trajet en voiture.
Les deux députés suggèrent aussi de redéfinir la vignette Crit'Air pour tenir compte du poids du véhicule, et ainsi pénaliser les véhicules du type SUV notamment.
Ils souhaitent en outre abaisser la TVA sur les billets de train et de transports en commun, développer la filière du "retrofit" (pour remplacer le moteur thermique d'un véhicule par un moteur électrique) et encore augmenter les aides pour les plus précaires.
"Nous voulons une écologie populaire et la mener étape par étape", a affirmé M. Carrière, en rappelant l'épisode des "gilets jaunes" en 2018-2019, né pour protester contre la hausse d'une taxe sur les carburants.