Zone euro: une monnaie numérique disponible entre établissements financiers d'ici "début 2026", selon Villeroy de Galhau

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a annoncé mardi que les premiers échanges entre établissements financiers pourront se faire en monnaie numérique de banque centrale à partir du début de l'année prochaine.

Les banques centrales de la zone euro "travaillent à fournir une première solution aux banques et aux marchés financiers début 2026", a-t-il indiqué, lors d'une allocution devant le Paris Finance Forum, événement annuel de la place parisienne.

Ces "réserves bancaires tokénisées", émises par la Banque centrale européenne (BCE) à la place de l'actuelle monnaie de banque centrale, "constitueront un actif de règlement sûr et liquide pour les acteurs financiers", a-t-il développé.

La tokénisation consiste à émettre un jeton numérique, dont la valeur est adossée à un actif et certifiée via la technologie "blockchain". Cela permet notamment de simplifier et accélérer considérablement les transactions financières.

Les "stablecoins", actifs tokénisés adossés à une monnaie, sont de plus en plus utilisés sur les marchés.

Leur essor devrait même "s'accélérer", selon M. Villeroy de Galhau, alors que des mesures prises par l'administration Trump aux États-Unis pour les promouvoir provoquent l'apparition de nombreuses monnaies numériques privées indexées sur le dollar et de plus en plus populaires.

Or, "99% de la capitalisation" de ce marché sont déjà adossés au dollar, ce qui pose "un risque sérieux de déseuropéanisation et de privatisation de la monnaie", justifiant le développement d'un "stablecoin" public, adossé à l'euro, a expliqué M. Villeroy de Galhau.

Plusieurs banques centrales en zone euro ont d'ores et déjà mené des tests de cette technologie, qui "a de l'avenir sur les marchés financiers", a souligné, lors d'une autre conférence mardi, Emmanuelle Assouan, directrice générale stabilité financière et opération à la Banque de France.

Deuxième volet de ce chantier chapeauté par la BCE, l'euro numérique - monnaie numérique dite "de détail" - est attendu d'ici la fin de la décennie. Il permettra aux citoyens européens de disposer d'une monnaie numérique équivalente à des billets de banques.

"La distribution de l'euro numérique s'appuiera sur un +partenariat public-privé+ avec les banques commerciales, et non pas contre elles", a insisté M. Villeroy de Galhau, évoquant "un modèle économique équilibré".

Son développement "réduira aussi notre dépendance aux réseaux internationaux", car les paiements se feront sans intermédiaire de type Visa ou Mastercard, contrairement à celles réalisées via des comptes en banque, a développé le gouverneur.

"Pourquoi pour répondre à cet enjeu de souveraineté numérique faut-il confier aujourd'hui les clés du camion exclusivement à la Banque centrale européenne?", interrogeait il y a quelques jours sur TV5 Monde le président de Crédit Mutuel Alliance fédérale Daniel Baal, pointant des "risques opérationnels".

Les banquiers répètent à l'envi tout le mal qu'ils pensent de l'euro numérique.

Le cabinet de conseil PwC calculait par ailleurs dans une étude publiée le 5 juin et commandée par plusieurs associations bancaires, que la facture de l'euro numérique pourrait s'élever pour les banques européennes à 18 milliards d'euros.

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