ZFE, Fessenheim, éoliennes: semaine victorieuse pour le RN et LR à l'Assemblée

Les députés RN et LR ont capitalisé cette semaine sur les divisions de la coalition gouvernementale et une meilleure mobilisation de leurs troupes, pour remporter des succès spectaculaires à l'Assemblée nationale et revenir sur des marqueurs écologiques, même si des interrogations demeurent sur l'avenir des mesures votées.

"C'est pas mal en une semaine", s'est réjoui vendredi un cadre du Rassemblement national.

Le groupe de Marine Le Pen, ses alliés du groupe UDR d'Eric Ciotti, mais aussi les députés LR, ont remporté plusieurs votes, allant de la suppression des zones à faibles émissions mardi, à un moratoire sur les éoliennes et le photovoltaïque 48 heures plus tard.

Des succès, qui restent tous à confirmer, arrachés parfois à quelques voix près grâce à la division d'une coalition gouvernementale totalement désunie sur les questions environnementales.

Mardi, le RN et LR ont célébré la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) excluant certains véhicules polluants.

- "Ça fait beaucoup" -

Mardi, le RN et LR ont célébré la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) excluant certains véhicules polluants.

Une victoire pour "libérer la France et les Français des normes qui nous étouffent", s'est félicité le président des députés LR, Laurent Wauquiez.

"Je ne vois pas en quoi ils (Les Républicains) sont nos alliés. Ils passent plus de temps à voter contre nous et avec le RN", s'agace Ludovic Mendès (Renaissance).

Le texte a aussi été adopté avec les voix des groupes de l'ancienne majorité (MoDem et Horizons), et par une partie du groupe macroniste Ensemble pour la République de Gabriel Attal (huit pour, 14 abstentions), malgré un appel interne à voter contre.

"Ça veut dire que Gabriel Attal ne tient pas son groupe", et qu'Emmanuel Macron, qui a appelé publiquement à ne pas supprimer les ZFE, marqueur de son premier quinquennat, "a beaucoup moins de soutiens et de fidèles", estime un proche de Marine Le Pen.

Sans aller jusque-là, le vice-président macroniste de l'Assemblée nationale, Roland Lescure, estime que "14 abstentions (et) huit votes pour (...) sur un groupe d'une centaine ça fait beaucoup. Il faut qu'on travaille ça".

Une source EPR tempère: "La plupart des députés qui ont voté pour l'abrogation ne sont pas des macronistes originels".

Le MoDem et Horizons ont aussi avancé la volonté de valider d'autres articles du texte, considérant que celui sur les ZFE serait au pire retoqué au Conseil constitutionnel.

Un risque bien identifié pour les opposants aux ZFE: "Ils seraient bêtes parce que ça fragiliserait le Conseil constitutionnel", mais "dans tous les cas, on crante nos idées", se réjouit une source RN.

- "Le RN tient le manche" -

D'autant que la droite et l'extrême droite ont aussi fait fructifier l'examen d'un autre texte: la proposition de loi dite Gremillet, censée servir de base à un décret définissant les grandes orientations de la politique énergétique française pour 2025-2035.

Le groupe lepéniste a notamment fait passer un amendement pour la réouverture de Fessenheim, et LR, soutenu par le RN, un autre en faveur d'un moratoire sur les éoliennes et le photovoltaïque.

"Une forme de suicide collectif" face au défi écologique, s'est alarmée la députée écologiste Sandrine Rousseau sur RMC.

Jeudi, le député RN Jean-Philippe Tanguy l'avait interpellée sur la faible présence de la gauche dans l'hémicycle: "Visiblement, l'humanité n'a pas l'air si menacée".

"Il y avait peu de monde sur l'ensemble des bancs", répond une source au sein du groupe socialiste, invoquant une lassitude de parlementaires face à des dysfonctionnements de l'Assemblée nationale et une "perte de sens" en l'absence de lois structurantes débattues.

Les victoires de la droite et du RN sur l'énergie restent soumises à des écueils: en cas d'adoption de l'ensemble du texte mardi, déjà conditionnée au vote des macronistes, il irait ensuite au Sénat et pourrait être modifié.

Il est supposé n'être à ce stade qu'une base à un décret restant à la main du gouvernement, le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, qualifiant d'"irresponsable" et "dévastateur" le moratoire sur l'éolien et le photovoltaïque.

Mais une source RN estime que la menace d'une censure pourra convaincre l'exécutif de tenir compte des victoires lepénistes.

"Ce que montre la proposition de loi Gremillet, c'est que ce gouvernement est tenu par le Rassemblement national, c'est le RN qui tient le manche", s'agace le député Eric Coquerel (LFI).

sac-parl/sde/tes