Ciblé par l'exécutif après l'annonce de son retrait du dispositif "zéro artificialisation nette", le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a confirmé "suspendre" les travaux de sa région et réclamé des "propositions concrètes" à Elisabeth Borne, dans un courrier consulté mardi par l'AFP.
Le bras de fer est engagé. Dans cette lettre envoyée lundi à la cheffe du gouvernement, M. Wauquiez "confirme" que sa région "suspend" la modification de son "schéma d'aménagement". Or, cette procédure est censée concrétiser l'objectif de "zéro artificialisation nette" (ZAN), inscrit dans la loi depuis deux ans.
Samedi déjà, le président d'Auvergne-Rhône-Alpes avait fait savoir qu'il "se retirait du processus" visant à stopper la bétonisation des sols d'ici 2050, fustigeant une réforme "ruralicide".
Des propos aussitôt qualifiés de "profondément populistes" par la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, Sarah El Hairy (MoDem), le porte-parole du gouvernement Olivier Véran évoquant même de possible "sanctions".
La région s'était pourtant "mise en ordre de marche" depuis l'été 2022, rappelle M. Wauquiez dans sa missive, détaillant les étapes franchies jusqu'au printemps. Mais la nouvelle loi adoptée en juillet "est venue modifier les règles du jeu" explique-t-il pour justifier de "ne plus engager (sa) région dans cette démarche".
Jugeant que "les conditions (...) ne sont plus réunies" pour aller au bout de la procédure, il dit attendre des "propositions concrètes qui actent une évolution de la position du gouvernement", notamment sur certains quotas de zones constructibles qui restent à préciser.
Cette clarification devra selon lui se faire "dans le cadre" des "COP régionales", ces conférences sur la transition écologique formellement lancées la semaine dernière par Mme Borne, qui a souhaité "aboutir à un plan d'action partagé" d'ici l'été 2024.
L'occasion de "remettre à plat tout (le) dispositif législatif" du ZAN, insiste M. Wauquiez, mettant en garde la Première ministre contre l'absence d'une "véritable consultation des élus" qui "ne peut que (la) conduire à l'impasse".
Les autorités locales assurent toutefois que ce dialogue existe sur le ZAN. "Ca se travaille, ça se construit, et c'est ce que l'on fait actuellement avec les collectivités", a ainsi déclaré à l'AFP la préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, mardi en marge d'un colloque sur l'eau et le changement climatique.
"Personne n'a jamais dit que c'était quelque chose de facile" mais "il y a un délai pour le faire" et "on sait bien que ça va demander du courage et de l'adaptation intelligente", a-t-elle ajouté.