Yamaha ouvre le site de production historique de la Mobylette aux moteurs de vélo

Yamaha a commencé à fabriquer des moteurs pour vélos électriques dans son usine française de Saint-Quentin (Aisne), site historique de production de Motobécane et de la Mobylette.

La marque japonaise de motos a inauguré mercredi une ligne d'assemblage de moteurs pour vélos électriques qui doit la renforcer sur le marché européen, face aux géants du secteur que sont Bosch et Shimano.

Les moteurs Yamaha, dont 8 millions d'unités ont été déjà fabriqués au Japon et à Taïwan, doivent équiper dès les prochaines semaines des vélos de son principal client, le N°1 européen du vélo Accell, vendus sous marques Winora ou Batavus.

Dans un ancien hangar, sur une ligne de montage immaculée, une quinzaine d'opérateurs assemblent des moteurs dont les pièces viennent toutes du Japon, pour le moment.

En bout de ligne, un robot applique un joint de silicone, et une caméra contrôle la conformité du moteur, avant un test d'étanchéité.

Yamaha vise sur cette ligne une production annuelle de 100.000 moteurs "Pw S2", de gamme moyenne, et potentiellement 300.000 moteurs si le marché poursuit sa croissance.

Après avoir explosé pendant la pandémie de Covid, le marché du vélo connaît un creux depuis plusieurs mois.

Mais les vélos à assistance électrique représentent désormais un quart des 20 millions de vélos vendus chaque année en Europe, premier marché mondial, et leur part ne cesse de grandir.

"Il était temps que Yamaha investisse en Europe, au plus près des marchés", a affirmé lors de l'inauguration Eric de Seynes, ex-PDG devenu président du conseil de surveillance de Yamaha Motor Europe.

"C'est une première pierre à l'édifice. Mais une pierre angulaire, qui ouvre à une multiplicité de technologies", selon M. de Seynes.

II y a en effet de la place dans l'immense usine de Saint-Quentin pour accueillir la fabrication éventuelle de deux-roues électriques, dans lesquels Yamaha s'est lancé timidement avec quelques scooters.

Les batteries, trop lourdes, grosses et chères, limitent pour l'instant le déploiement de la propulsion électrique dans les motos, tempère M. de Seynes.

"Il faut du volume pour que nous investissions", ajoute Clément Villet, directeur de la mobilité terrestre pour Yamaha Europe. "Le marché attend des acteurs comme nous pour décoller, des acteurs majeurs du marché avec des produits crédibles" à des prix attractifs, selon lui.

Pour M. de Seynes, l'"une des possibilités pourrait être de proposer à des acteurs semi-artisanaux de déployer une capacité de production avec notre savoir faire".

L'usine de Saint-Quentin a fabriqué des millions de Mobylettes sous marque Motobécane puis MBK. En difficulté, le site a été repris en 1986 par Yamaha.

Depuis l'arrêt des petits scooters (dont le Booster) en 2017, les 639 salariés et 200 intérimaires de l'usine fabriquent des motos de 125 et 700 cm3 comme la Ténéré, et le scooter X-Max, à un rythme de 80.000 deux-roues par an.

Dans un coin de l'usine, Yamaha assemble également un petit nombre de vélos sous sa propre marque, vendus en ligne et chez ses concessionnaires moto.

L'usine a embauché 100 personnes en 2022 et 2023 pour monter en cadence. Yamaha a investi quatre millions d'euros dans la nouvelle ligne de montage de moteurs pour vélos, et reçu 530.000 euros de subventions de la région Hauts-de-France.

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