Les subventions pour les voitures électriques pourraient être bientôt subordonnées en France à un "score environnemental", qui aurait notamment pour objectif de limiter les importations chinoises.
Le gouvernement français a lancé vendredi une consultation sur la réforme du bonus écologique, soit une aide de plusieurs milliers d'euros attribuée à l'achat ou la location longue durée d'un véhicule peu polluant.
A partir du 1er janvier 2024, chaque véhicule vendu en France devrait recevoir un "score environnemental" en fonction des émissions générées par sa fabrication.
Cette initiative permet de "soutenir les véhicules les plus vertueux sur le plan environnemental", selon le gouvernement.
Alors que le marché électrique explose, cette mesure permettrait de protéger le marché européen des véhicules importés. La Chine, qui domine le marché des voitures électriques, a une production qui repose encore largement sur le charbon.
Cette mesure propose aussi une réponse à l'IRA, cet ensemble de subventions attribuées par le gouvernement américain pour accélérer les investissements notamment dans l'industrie des véhicules électriques.
La France innove au niveau européen avec cette mesure, alors que l'Union tarde à se positionner face à ces nouveaux concurrents.
L'industrie automobile allemande, très présente en Chine, penche plutôt pour une offensive européenne sur les matériaux stratégiques comme le lithium et le cobalt.
"Cette réforme va nous permettre de réserver le soutien public aux véhicules électriques qui ont la meilleure empreinte carbone et qui sont donc produits dans les pays et usines les plus décarbonés", a souligné le ministre de l'Économie Bruno Le Maire dans une déclaration transmise à l'AFP.
"C'est intéressant, mais il ne faut pas que ce soit une usine à gaz", a commenté une lobbyiste de l'industrie automobile. "Ne soyons pas naïfs dans nos échanges avec les pays hors d'Europe", il faut s'attendre à une "réciprocité" de type de mesures, selon elle.
Dans le détail, l'empreinte carbone de l'acier, de l'aluminium, et des autres matériaux nécessaires à la fabrication des voitures, comme le verre, serait prise en compte dans des calculs complexes, tout comme la transformation puis l'assemblage de ces matériaux.
- Le Maire en Chine -
Les conditions de fabrication de la batterie, très émettrice de CO2, joueront aussi un rôle déterminant dans l'obtention de ce score.
Le type de véhicule (citadine, familiale) et son moyen de transport jusqu'en France (bateau, train ou avion), seront aussi pris en compte.
En imposant ces critères environnementaux, "nous donnons un avantage aux entreprises françaises et européennes qui font l'effort de diminuer leur empreinte environnementale" a assuré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, dans une déclaration transmise à l'AFP.
Le gouvernement français a donné un objectif ambitieux à l'automobile, symbole de l'industrie, et diminuée par de longues années de délocalisation: produire deux millions de véhicules en France à horizon 2030, contre 1,3 million en 2022.
Le Français Renault et le Franco-iItalo-Américain Stellantis (Peugeot-Fiat-Chrysler) ont déjà pris des engagements pour convertir leurs usines à l'électrique, et ont commencé à construire des batteries en France.
Le patron de Stellantis Carlos Tavares n'a de cesse de critiquer l'avantage que laisse l'Europe aux constructeurs chinois, face à une révolution électrique qu'il qualifie de "brutale".
Par ailleurs, les deux millions de véhicules ne seront pas atteints sans investissements étrangers.
Les détails de la mesure ont été publiés à quelques heures d'une visite de Bruno Le Maire en Chine, où il doit rencontrer les dirigeants de BYD, l'autre géant de la voiture électrique avec l'américain Tesla, mais aussi XTC, grand fournisseur de matériaux pour les batteries.
XTC a annoncé en mai un important investissement dans les batteries à Dunkerque, avec Orano. BYD, de son côté, étudie plusieurs implantations pour construire une usine en Europe, tout comme Tesla: le passage du marché européen à l'électrique (100% des voitures neuves en 2035) promet des volumes importants.
Les délais de consultation, fixés au 25 août, sont très courts pour un projet de décret et d'arrêté particulièrement complexe dans sa mise opérationnelle, commente Xavier Horent, délégué général de Mobilians, au Journal de l'Automobile.
"Nous allons naturellement apporter notre contribution en regardant aussi la cohérence et la simplicité d'aides à l'achat pour les acheteurs", a-t-il affirmé.
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