"Girl Power" sur la scène principale, prix aux femmes "innovantes", 40% d'intervenantes... Le salon Vivatech s'attache à promouvoir des femmes en pleine réussite, qui incitent à "oser" malgré un secteur de la technologie encore très masculin.
"On peut applaudir les meufs... Et le mec!" Une fois n'est pas coutume, entre Julie Chapon, la fondatrice de Yuka - qui scanne les aliments pour vérifier leur composition et revendique 10 millions de téléchargements - et l'actrice et humoriste Bérengère Krief, les femmes sont archi majoritaires sur la scène principale du salon des start-up qui ferme ses portes samedi.
Elise Goldfarb et Julia Layani, qui avaient fondé "Fraîches" en 2017 et animent cette conférence sur le "Girl Power" dans la tech, s'en amusent avec le seul invité masculin du panel, Youssef Oudahman.
Co-fondateur de "Meet my Mama", un service traiteur qui valorise le talent de femmes réfugiées ou issues de l'immigration, celui-ci dit avoir l'habitude: "90% de notre équipe sont des femmes". Mais "quand je parle avec elles, je vois pas des filles, je vois des idées, des arguments", explique-t-il.
- "27% de femmes" -
Cette "Food Tech" largement féminine reste une curiosité dans un monde encore très masculin. "Il n'y a que 27% de femmes dans les métiers du numérique", explique à l'AFP Julie Bernard, de Social Builder, une "start-up sociale qui construit la mixité et l'égalité femmes-hommes dans les métiers du numérique et dans l'entrepreneuriat".
A VivaTech, elle est chargée samedi d'un "bootcamp" (camp d'entraînement, NDLR) proposant à des femmes inscrites en amont des formations express, techniques ou sur le leadership par exemple.
La place des femmes dans la "tech" était un des thèmes importants du salon. "On s'est rendu compte de la faiblesse du nombre de femmes dans ce secteur, on s'en est insurgé et on a oeuvré en mettant des quotas très clairs pour qu'il y ait au moins 40% de femmes" qui interviennent, expliquait à l'AFP Julie Ranty, codirectrice du salon, avant son ouverture.
"C'est un sujet qu'on prend à bras le corps, poursuit-elle, on met des femmes sur scène et on organise des opportunités de coaching et de rencontres, y compris à destination des lycéennes".
C'est crucial, témoigne Julie Bernard: "moi qui ai fait des études scientifiques, on m'a proposé d'être laborantine, de faire médecine et ensuite de devenir infirmière si je n'y arrivais pas. Mais on ne m'a jamais proposé de faire une école d'ingénieur".
La "youtubeuse" Aude Gogny-Goubert, dite "AudeGG", utilise pour sa part le support numérique pour une web-série intitulée "Virago", qui entend "faire entrer dans l'inconscient collectif que des femmes ont fait des choses extraordinaires".
- "Tu peux être neurochirurgienne" -
"Si on dit à toutes les petites filles: +tu sais, tu peux être neurochirurgienne, présidente de la République, navigatrice ou alpiniste+, c'est encore mieux de leur montrer que des femmes ont ouvert la voie et l'ont fait avant elle", a-t-elle exposé sur la scène principale du salon.
"Les femmes n'ont pas et n'ont jamais eu, historiquement, la reconnaissance pour ce qu'elles ont accompli", avait estimé vendredi le commissaire européen à la recherche, à l'innovation et à la science Carlos Moedas, avant de remettre le prix européen des "femmes innovatrices" à quatre lauréates.
"Quand j'ai commencé à ce poste (de commissaire, NDLR), j'ai eu la chance de rencontrer cette grande scientifique qu'est Jocelyn Bell Burnell, l'une des meilleures scientifiques de son temps", a-t-il expliqué. "Elle a découvert un nouveau type d'étoiles, qu'on appelle aujourd'hui les pulsars, mais c'est son professeur qui a été récompensé par le prix Nobel" pour cette découverte.
Parmi les lauréates de ce prix, l'Israélienne Shimrit Perko-Finkel, PDG d'ECOncrete. Elle a développé un nouveau type de béton permettant le développement de la faune et flore marine sans perdre en solidité, et confie à l'AFP "n'avoir jamais vraiment pensé au fait que j'étais une femme dans un champ de travail très masculin".
Elle confie préférer être reconnue comme personne innovatrice que comme femme. "Mais je suis vraiment ravie d'être un leader, et d'avoir cette opportunité pour encourager les femmes à aller vers le leadership, vers l'industrie... A ne pas avoir peur ou honte. N'y pensez-pas, allez-y."