Virus chinois: développer un vaccin, un effort de coopération public-privé (Sanofi)

Développer un vaccin demande une coopération poussée entre acteurs publics et privés, explique Jean Lang, directeur en recherche et développement pour le département santé publique de Sanofi Pasteur.

Question: Comment se passe le développement d'un vaccin en cas de nouveau virus ?

Réponse: nous sommes mieux préparés au 21e siècle que lors des épidémies précédentes. Il y a un cas index (patient zéro, NDLR) qui va entraîner un foyer épidémique initial. Une alerte est signalée par les autorités sanitaires du pays. Là, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) entre en contact avec le pays pour mettre en place un isolement du virus.

Les autorités chinoises ont tout de suite isolé le virus chez l'homme, il a été séquencé, c'est la première étape pour mettre en place des tests diagnostics et préparer un vaccin.

L'OMS constitue ensuite un stock de virus qui va être distribué aux organismes de santé publics et privés développeurs de vaccins. Depuis 2017, il y a une collaboration public-privé de référence, la Cepi (la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies, avec laquelle Sanofi coopère), qui coordonne le développement de futurs vaccins contre des pathogènes épidémiques ciblés par l'OMS.

En l'occurrence, dans le cas du virus apparu en Chine 2019-nCoV, la Cepi a retenu trois biotechs pour développer un vaccin, Innovio, Moderna et l'université du Queensland.

Quant à l'industrie pharmaceutique dont Sanofi Pasteur fait partie, nous suivons attentivement ces petites sociétés qui sont plus agiles et qui ont une technologie qu'elles ont besoin de valider sur des antigènes modèles. Et nous apportons notre expertise.

Q: Le développement d'un vaccin est long?

R: Le développement d'un vaccin classique jusqu'à la mise sur le marché prend plusieurs années compte tenu des normes de qualité, sécurité, efficacité et reproductibilité. C'est difficile de parler pour les développeurs de vaccins dans ces biotechs, mais cela se compte en mois plus qu'en semaines - même si l'objectif est d'aller le plus vite possible grâce aux technologies nouvelles dont ces biotechs disposent.

Il y a une course d'obstacles: il faut d'abord des tests in vitro qui montrent que le candidat vaccin induit la réponse protectrice en laboratoire; ensuite on passe à l'étape préclinique in-vivo, puis en phase I où on doit montrer chez l'homme, grâce à un petit échantillon de volontaires sains, que le test induit la réponse protectrice attendue; puis on passe en phase 2, voire en phase 3, à l'étude d'efficacité jusqu'à la soumission d'un dossier, qui peut être accélérée sous l'égide de l'OMS compte tenu du besoin de santé publique et de l'urgence sanitaire internationale.

Q: Cela peut être financièrement risqué: une biotech peut donc travailler durant des mois sans résultat ?

Le risque financier est diminué par le fait qu'il s'agit de partenariats public-privé. Si un candidat vaccin est efficace, bien toléré, génère les données dans les temps les plus réduits, c'est lui que les comités de surveillance de la Cepi, en liaison avec l'OMS, vont privilégier.

Toutes ces données sont revues par un comité scientifique qui va donner des conseils soit pour améliorer la formulation, soit au contraire pour dire qu'il faut arrêter, ou encore encourager les développeurs. Après la première étape de recherche et développement, Cepi va mettre en place des financements et de l'aide industrielle de production au meilleur candidat vaccin issu de la R&D.

lem/ak/eb

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