Violences à Paris: la majorité choquée, l'opposition accuse

Les scènes de guérilla urbaine samedi autour des Champs Elysées et ensuite dans d'autres quartiers de Paris ont choqué la majorité. Plusieurs figures de l'opposition ont accusé le gouvernement de mettre en scène ces violences pour discréditer le mouvement des "gilets jaunes".

Place de l'Etoile noyée sous les gaz lacrymogènes, scènes de saccage et de pillage dans Paris, voitures en feu, plus de deux cent interpellations: le Premier ministre Edouard Philippe a fait état dès la mi-journée d'une "violence rarement atteinte", avant même que les violences ne s'étendent à d'autres quartiers de la capitale.

"Ce qui s'est passé aujourd'hui à Paris n'a rien à voir avec l'expression pacifique d'une colère légitime (...) Les coupables de ces violences ne veulent pas de changement ne veulent aucune amélioration, ils veulent le chaos", a déclaré le président Emmanuel Macron depuis Buenos Aires, à la fin du sommet du G20.

"Ceux qui s'attaquent à nos forces de l'ordre, cassent et saccagent, s'en prennent à l'essentiel: la République. Les violences que Paris subit aujourd'hui sont impardonnables", a déploré dans la soirée le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Édouard Philippe et d'autres membres du gouvernement ont été particulièrement "choqués" par les tags sur l'Arc de Triomphe et les images de manifestants casqués et encagoulés entonnant la Marseillaise autour de la flamme du soldat inconnu. "Rien ne justifie de s'attaquer aux symboles de la Nation et aux lieux sacrés de la République", s'est offusqué le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

La scène a inspiré le commentaire suivant sur Twitter à Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national: "Bravo aux #GiletsJaunes qui ont fait rempart de leurs corps en chantant la Marseillaise pour protéger la flamme du soldat inconnu contre les casseurs. Vous êtes le peuple de France se dressant contre la racaille."

Alors que le chaos se propageait dans Paris, Mme Le Pen a demandé "au Président de la République qui a laissé cette situation s'aggraver dans des proportions incroyables de recevoir les chefs de partis politiques d'opposition, au premier rang desquels le Rassemblement National, dès son retour d'Argentine".

Le président des Républicains Laurent Wauquiez s'est dit "très inquiet". "Je condamne fermement cet engrenage de la violence dans lequel le président de la République et le gouvernement ont enfermé le pays (...) Ils ont poussé la colère" par leur "absence d'écoute et de main tendue", a ajouté M. Wauquiez.

- "Incroyable acharnement" -

"C'est le gouvernement qui laisse faire les casseurs systématiquement tous les samedis pour discréditer un mouvement populaire", a accusé Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France sur LCI.

Des propos qualifiés d'"absolument honteux" et d'un "cynisme absolu" par la ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn, estimant qu'on payait samedi "trente ans d'inertie politique".

A gauche de l'échiquier politique, même son de cloche. "Le pouvoir veut un grave incident pour jouer la peur", a cinglé Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise, qui a dénoncé un "incroyable acharnement contre les manifestants pacifiques Place de l'Étoile".

"Jour historique. En France, l'insurrection citoyenne fait trembler la macronie et le monde du fric", a-t-il tweeté plus tard dans la soirée, accusant Emmanuel Macron d'être "ailleurs dans tous les sens du terme".

Ces propos ont ulcéré le député marcheur Matthieu Orphelin, pointant les "graves déclarations" de M. Mélenchon "qui accuse l'Etat d'organiser cela".

"La République mérite mieux que ceux qui comme vous légitiment la violence et le chaos. Nous avons été élus", a ajouté la députée LREM Aurore Bergé en réponse à un tweet du député LFI Eric Coquerel accusant Emmanuel Macron de semer "le désordre et la colère".

La maire de Paris Anne Hidalgo a, elle, fait part de sa "profonde indignation" et de sa "grande tristesse", invitant au dialogue dans un pays "confronté à une crise majeure".

"Rien ne justifie la violence. Les débordements sont inacceptables par nature et parce qu'ils salissent une colère légitime et étouffent le mouvement des #giletsjaunes", a également souligné le patron du PS, Olivier Faure, alors que l'ancien président François Hollande a dénoncé des violences "inadmissibles, intolérables, inqualifiables".

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