Les scènes de guérilla urbaine samedi autour des Champs Elysées et ensuite dans d'autres quartiers de Paris ont choqué la majorité. Plusieurs figures de l'opposition ont accusé le gouvernement de mettre en scène ces violences pour discréditer le mouvement des "gilets jaunes".
Place de l'Etoile noyée sous les gaz lacrymogènes, tags anti-Macron sur l'arc de Triomphe, voitures en feu, plus d'une centaine d'interpellations: le Premier ministre Edouard Philippe a fait état à la mi-journée d'une "violence rarement atteinte" en haut de la "plus belle avenue du monde", transformée pour le deuxième samedi de suite en champ de bataille.
Avant que les violences ne s'étendent à d'autres quartier dans une grande confusion, Édouard Philippe s'est dit particulièrement "choqué par la mise en cause de symboles de la France". Il faisait référence aux images de manifestants casqués et encagoulés entonnant la Marseillaise autour de la flamme du soldat inconnu, qui repose sous l'Arc de Triomphe.
Une scène qui a inspiré le commentaire suivant sur Twitter à Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national: "Bravo aux #GiletsJaunes qui ont fait rempart de leurs corps en chantant la Marseillaise pour protéger la flamme du soldat inconnu contre les casseurs. Vous êtes le peuple de France se dressant contre la racaille."
Alors que le chaos se propageait dans les rues de Paris, Mme Le Pen a ensuite demandé "au Président de la République qui a laissé cette situation s'aggraver dans des proportions incroyables de recevoir les chefs de partis politiques d'opposition, au premier rang desquels le Rassemblement National, dès son retour d'Argentine" où M. Macron participe au G20.
Le président des Républicains Laurent Wauquiez s'est dit "très inquiet". "Je condamne fermement cet engrenage de la violence dans lequel le président de la République et le gouvernement ont enfermé le pays. Qu'est ce qui a nourri ça ? Ils ont poussé la colère" par leur "absence d'écoute et de main tendue", a ajouté M. Wauquiez qui a réitéré son appel à un référendum sur la politique écologique et fiscale d'Emmanuel Macron.
- "Incroyable acharnement" -
"C'est le gouvernement qui laisse faire les casseurs systématiquement tous les samedis pour discréditer un mouvement populaire", a accusé Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France. "Le gouvernement met en scène chaque samedi des violences, alors qu'il suffirait d'empêcher les casseurs d'atteindre les Champs Elysées", a-t-il déclaré sur LCI, en réclamant la démission du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, un "incapable" et un "manipulateur".
Son rival de la droite de la droite, Florian Philippot, président des Patriotes, a lui aussi estimé que le président Emmanuel "Macron cherche l'incident à Paris". "Mais le monde partout en région, et la bonne ambiance qui y règne ne trompent pas: Macron est haï, et le mouvement populaire est d'une puissance croissante et redoutable", a-t-il ajouté sur Twitter.
A l'autre bout de l'échiquier politique, même son de cloche. "Le pouvoir veut un grave incident pour jouer la peur", a cinglé Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise, qui a dénoncé un "incroyable acharnement contre les manifestants pacifiques Place de l'Étoile".
Ces propos ont ulcéré le député marcheur Matthieu Orphelin, pointant les "graves déclarations" de M. Mélenchon "qui accuse l'Etat d'organiser cela". "Les casseurs place de l'Etoile injurient notre démocratie. Respect aux fonctionnaires mobilisés pour assurer la sécurité de tous. La grande majorité des #GiletsJaunes est pacifiste. Trouvons sortie de crise", a-t-il ajouté sur Twitter.
La maire de Paris Anne Hidalgo a, elle, fait part de sa "profonde indignation" et de sa "grande tristesse face à ces violences au coeur de Paris", invitant au dialogue dans un pays "confronté à une crise majeure".
"Rien ne justifie la violence. Les débordements sont inacceptables par nature et parce qu'ils salissent une colère légitime et étouffent le mouvement des #giletsjaunes", a également souligné le patron du PS, Olivier Faure, alors que l'ancien président François Hollande a dénoncé des violences "inadmissibles, intolérables, inqualifiables".
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