Verallia mise sur l'appétit croissant pour les contenants en verre dans l'alimentation

Le groupe verrier français Verallia, qui vient d'entrer en Bourse, veut poursuivre sa croissance en misant sur un appétit croissant pour les emballages alimentaires en verre, tiré par les enjeux d'environnement et d'économie circulaire.

"On est dans une évolution positive en faveur du verre", a assuré mardi le PDG de Verallia Michel Giannuzzi, qui observe "une demande forte de la part des clients" du groupe, numéro trois mondial des emballages en verre pour les boissons et les produits alimentaires.

Plusieurs éléments viennent appuyer cette tendance, dont la contestation du plastique, qui peut profiter au verre, et l'atout de recyclabilité du matériau, qui peut être refondu indéfiniment.

Mais la croissance est freinée notamment par deux facteurs, a expliqué M. Giannuzzi devant la presse mardi, lors de l'inauguration d'un four reconstruit à l'usine de Lagnieu (Ain), un site qui produit chaque jour 4 millions de pots et bocaux en verre.

La première difficulté vient d'une capacité de production limitée en Europe, où actuellement "les usines de verre tournent à plein régime", poursuit-il. "Il faut que l'industrie du verre investisse pour suivre la demande" et Verallia "est dans ce mouvement".

Sur les quatre dernières années, l'entreprise a consacré un milliard d'euros en investissements industriels de maintenance des usines et de reconstruction de fours.

A Lagnieu, la reconstruction d'un four et la modernisation des cinq lignes de fabrication qu'il alimente a totalisé 24 millions d'euros.

Verallia a parallèlement lancé la construction de deux nouveaux fours en Italie et en Espagne, des pays où le déficit de capacités est important, pour un montant de 85 millions d'euros sur 2019-2020.

L'autre frein est la difficulté pour les industriels de l'alimentation de passer d'un emballage en plastique à un emballage en verre, car cela "nécessite une nouvelle ligne de conditionnement, donc des investissements et un délai de mise en oeuvre", indique M. Giannuzzi.

- pots de yaourt réutilisables -

La demande croissante de verre dans le secteur agroalimentaire s'observe sur certains produits comme les yaourts, les desserts ou le "prêt-à-manger", note le directeur général de Verallia France, Olivier Rousseau.

Pour les pots de yaourts, la croissance devrait être proche de 5% sur les deux à trois prochaines années, selon l'estimation de M. Rousseau.

"On voit une accélération, un changement de la demande", constate-t-il. Mais ce qui est "complètement nouveau", c'est de voir des clients qui parlent de "projets de réutilisation de contenant", décrit-il: "On nous dit: Est-ce qu'on ne pourrait pas réfléchir, plutôt qu'avoir un yaourt en verre perdu, à le faire revenir, le laver et le remettre en rayon?".

Cette question "prouve qu'on a changé d'ère en termes de réflexion environnementale de nos clients, tirés par les consommateurs", poursuit le directeur général France.

L'idée d'un éventuel pot de yaourt en verre réutilisable, un peu plus épais et arrondi pour résister aux lavages et aux remplissages, est donc sur la table. L'objectif serait de le faire tourner au moins une vingtaine de fois pour que l'ensemble du cycle économique et environnemental soit justifié, selon M. Rousseau.

Verallia fabrique déjà pour quelques clients des bouteilles consignées pour réemploi, notamment dans les eaux minérales.

Une autre tendance émergente est l'utilisation par les ménages des pots en verre pour l'achat de produits en vrac, comme des céréales, mais aussi pour la fabrication à la maison d'aliments pour les bébés.

Verallia a lancé en 2015 le site internet Boboco où les particuliers peuvent commander des assortiments de pots ou bocaux en verre. "C'est petit, c'est vraiment une start-up", mais avec une croissance de 15%, note Olivier Rousseau.

Une semaine après l'entrée en Bourse de Verallia, Michel Giannuzzi juge que "sur la philosophie globale du projet, il y a eu un ralliement de l'ensemble du personnel". Il rappelle qu'avec le plan d'épargne du groupe, 2,7% du capital est aujourd'hui détenu par des salariés.

Mais du côté de la CGT, qui défendait un projet alternatif de mise en Bourse, Mohammed Oussedik, secrétaire général de la fédération verre-céramique, affirme que "les accords d'intéressement participation sont remis en cause" et que "le pacte social est remis en cause".

sbo/soe/LyS

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