Les deux membres CFDT du conseil d'administration d'Engie n'ont pas pris part au vote de ce conseil, lundi, sur l'offre de Veolia de racheter Suez car ils "n'avaient pas les éléments" nécessaires pour se prononcer sur ce dossier, a expliqué mardi à l'AFP José Belo, coordinateur CFDT d'Engie.
"Le dossier à [cette] date ne leur permettait pas de prendre part au vote (...) Pour la CFDT d'Engie, dès lors que vous considérez que vous n'avez pas les éléments" nécessaires, "vous ne pouvez pas participer au vote, donc vous quittez la salle [du conseil]. Ils savaient que quel que soit leur vote, il n'y aurait pas de bascule" du résultat final, a déclaré M. Belo.
Lundi soir, le conseil d'administration d'Engie, actionnaire principal de Suez, a décidé d'accepter l'offre de Veolia, qui expirait à minuit, et de lui vendre l'essentiel de ses parts dans Suez, pour 3,4 milliards d'euros.
"Laisser entendre que la CFDT pouvait faire la bascule avec son vote est complètement fallacieux", a protesté M. Belo.
Selon lui, l'offre de Veolia a été approuvée par sept membres du conseil d'Engie (représentant CFE-CGC, président du conseil, cinq administrateurs indépendants), tandis que quatre votes "contre" ont été comptabilisés (représentant CGT, représentant de l'État, deux administrateurs proposés par l'État). Une abstention des membres CFDT (le représentant CFDT et le représentant des salariés actionnaires issu du même syndicat) aurait été comptée comme un vote contre, a-t-il précisé.
"On ne voit pas comment nos administrateurs auraient pu prendre une position pour ou contre (...) Ils ont expliqué pourquoi ils sortaient. C'est le règlement, dès lors que vous ne participez pas au vote, vous sortez. La décision la plus sage et la plus honnête était celle-là. Pourquoi l'État n'a-t-il pas utilisé tous les leviers pour bloquer l'opération? Le projet à [cette] date devait être bloqué", a ajouté M. Belo. "Le fil rouge de la CFDT, c'est de préserver l'emploi pour l'ensemble" des salariés, a-t-il affirmé.
Quant à l'administrateur CFE-CGC, "sa position est conforme aux orientations données par la fédération", a indiqué à l'AFP le coordinateur CFE-CGC d'Engie, Hamid Ait Ghezala.
"Pour les représentants d'Engie, ce qui doit primer, c'est l'intérêt des salariés d'Engie", a-t-il souligné.
"Nous avions beaucoup d'espoir en une contre-proposition de Suez, ce qui aurait permis de choisir la meilleure proposition dans l'intérêt des salariés d'Engie qu'on défend. Nous regrettons que Suez n'ait pas fait de contre-proposition. (...) Les dirigeants de Suez se sont plus attelés à faire de la politique qu'à construire un contre-projet industriel", a-t-il poursuivi.
De son côté, la coordination CGT Engie a fustigé dans un communiqué une vente qui "aurait pu être évitée". "La CGT ne peut que déplorer que les trois autres administrateurs salariés aient soit voté pour, soit n'aient pas pris part au vote. S'ils avaient, comme le proposait la CGT et comme le réclamait l'intersyndicale de Suez, voté contre, la vente à Veolia aurait été refusée par 7 voix contre 6", proteste la CGT.
Le syndicat, qui "ne baisse pas les bras", appelle "à une mobilisation des salariés de l'énergie, de l'eau, de la propreté et des services, le 3 novembre", selon son communiqué.
er/cel/ev