Vendée Globe: Les icebergs, hantise des skippers, surveillés de près depuis l'espace

"J'adorerais voir des icebergs, mais pas sur cette course!" Alexia Barrier, comme les autres navigateurs du Vendée Globe, craint une éventuelle collision. Cependant, ces redoutables blocs de glace dérivants sont surveillés de près depuis l'espace afin de garantir une sécurité maximale aux concurrents.

"C'est mon premier Vendée Globe, je n'ai jamais vu d'iceberg en vrai", note jeudi la navigatrice, 26e au pointage de vendredi matin, à bord de l'Imoca TSE-4myplanet dans la 9e édition de cette course hors du commun, en solitaire, sans escale et sans assistance.

"J'adorerais les voir mais pas sur cette course!" assure-t-elle, disant disposer de "peu de moyens finalement pour les détecter".

D'autant que les skippers passent la plupart de leur temps à l'intérieur de leur bateau, surtout dans les mers agitées du Sud.

Alors pour veiller sur eux dans l'espace, ce ne sont pas moins de sept satellites qui fournissent pour cette édition des données permettant de mailler l'océan Austral.

"Les satellites utilisés font à peu près 25 passages par jour tout autour de la Terre à différents endroits", note auprès de l'AFP Franck Mercier, chef du projet Vendée Globe à CLS, une filiale de l'agence spatiale française (CNES) chargée de détecter les icebergs sur la route des coureurs.

- "Comme un pixel blanc" -

Les satellites Sentinel-1A et Sentinel-1B disposent d'instruments très pointus "qui permettent de regarder à travers les nuages, le jour et la nuit", souligne lors d'une conférence de presse Simonetta Cheli, cheffe du bureau stratégie de la direction Observation de la Terre à l'ESA (Agence spatiale européenne).

Les données fournies sont recueillies et analysées sur le site brestois de CLS, société spécialisée en océanographie spatiale basée à Toulouse. Le centre dispose en effet d'une antenne de cinq mètres de diamètre baptisée VIGISTAT, la seule en France capable de recueillir des images en haute résolution permettant de localiser les icebergs.

Cette année, ce sont pas moins de 300 images radars qui vont permettre de déterminer la présence d'éventuels icebergs sur la route des navigateurs du Vendée Globe mais aussi de ceux engagés dans le Trophée Jules Verne.

"Un petit iceberg apparaît sur l'écran comme un pixel blanc", décrit Franck Mercier, précisant que ces "petits" blocs de glace mesurent tout de même une cinquantaine de mètres de long.

"Malheureusement, il peut rester des petits icebergs qu'on n'aura pas vu", reconnaît le spécialiste à propos de ces blocs de glace appelés growlers, de l'ordre du mètre cube, provenant d'un gros iceberg à proximité et pouvant dériver à un kilomètre par heure en moyenne.

- Zone d'Exclusion Antarctique -

"On ne peut pas non plus garantir à 100% qu'on voit tout", abonde Jacques Caraës, directeur de course du Vendée Globe qui, avec ses équipes et celles de CLS, définit une limite virtuelle -la Zone d'Exclusion Antarctique (ZEA)- à ne pas franchir par les navigateurs sous peine de croiser un iceberg.

Mise en place pour la première fois en 2016 lors de la précédente édition, cette ligne rouge peut évoluer au fur et à mesure de la progression des skippers mais uniquement à l'avant du premier.

Jeudi, elle a été relevée de 5° près des îles Crozet et Kerguelen, dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) après la détection d'une vingtaine d'icebergs par les équipes de CLS, qui assurent cependant que cette année la glace est moins présente qu'en 2016.

La ZEA "est extrêmement rassurante. On sait qu'on a des gens derrière qui veillent sur les glaces, sur les icebergs qui sont à la dérive et nous, en tant que marins, on peut vraiment être concentré sur le reste, sur la compétition", a témoigné jeudi Thomas Ruyant (LinkedOut), troisième de cette course partie le 8 novembre des Sables-d'Olonne (Vendée) et qui a déjà connu son lot d'avaries, d'abandons et même un naufrage, celui de Kevin Escoffier lundi.