Mercure, plomb, argent... Les habitants de l'ancien bassin minier de Salsigne dans l'Aude, sont exposés à une multitude de métaux lourds "toxiques", au-delà de l'arsenic, ont alerté vendredi des associations ayant mené leur propre campagne d'analyses.
Les inondations meurtrières d'octobre 2018 dans la Vallée de l'Orbiel ont fait ressurgir la problématique de la pollution due à l'ancienne mine d'or et d'arsenic, fermée en 2004, et ses stockages de déchets toxiques, qui empoisonnent depuis des années le quotidien des riverains.
"Il appartient aux pouvoirs publics de ne plus ignorer ce contexte de polyexposition, et d'abandonner le mythe --construit frauduleusement-- d'une exposition au seul arsenic", ont affirmé dans un rapport les associations Terres d'Orbiel, Gratte Papiers et une branche locale du Secours Catholique.
Ces dernières ont commandité auprès du laboratoire indépendant ToxSeek, en parallèle aux études menées par l'Agence régionale de santé (ARS), des analyses portant sur 49 métaux lourds, auprès de 102 hommes, femmes et enfants de plusieurs communes de la Vallée.
"100% des personnes testées ont un ou plusieurs éléments toxiques à un niveau à surveiller ou à risque, et 62% des analyses révèlent au moins un niveau d'exposition à risque atteint", indique le rapport.
Toujours selon le texte, l'élément le plus retrouvé n'est pas l'arsenic, mais le mercure (84% des personnes dépassant le seuil de toxicité "à surveiller"), suivi du plomb (48%). L'arsenic n'arrive qu'en 4e position (39%).
Depuis juin 2019, des tests ont révélé des cas de surexposition d'enfants à l'arsenic, suscitant un sursaut des pouvoirs publics et un "plan d'action" a été annoncé en novembre par la préfecture de l'Aude, incluant un suivi sanitaire spécifique pour les enfants surexposés, une nouvelle étude de la qualité de l'air ou la reprise de travaux de confinement de sites de stockage.
Mais pour les associations, les résultats obtenus concernant la polyexposition à d'autres métaux lourds, devraient conduire, "plus que jamais" à des études menées "tant par les services de l'Etat que par des chercheurs indépendants", sur les "incidences sanitaires, existantes ou susceptibles d'apparaître ultérieurement".
Début septembre, un rapport sénatorial avait pointé "l'impuissance de l'État à faire assumer pleinement par les anciens exploitants leurs responsabilités en matière de mise en sécurité et de dépollution dans le domaine minier, le manque de transparence dans l'information sur les sources effectives de pollution et les risques associés".