En une demi-heure, tous les rendez-vous proposés étaient réservés: mercredi à Bobigny, parents et enfants ont étrenné l'ouverture de la vaccination à tous les 5-11 ans, "pour les fêtes", "l'école" ou encore "le judo".
A 11H00, la prise de rendez-vous en ligne était ouverte: "les 80 créneaux disponibles sont partis dans la foulée", témoigne à l'AFP Clément Dürrbach, directeur du centre départemental de vaccination de Bobigny. Même chose pour ceux de jeudi.
En début d'après midi, le centre s'organisait encore pour accueillir ce nouveau flux.
"On s'y prépare depuis lundi", avoue le directeur. Les enfants ont un parcours dédié "pour qu'ils puissent faire moins d'étapes et aller plus vite", souffle-t-il entre deux sollicitations de volontaires, surpris par l'affluence.
Habituellement dédiés aux relations européennes, ces locaux du département de Seine-Saint-Denis (93) ont été transformés depuis le 13 décembre en centre de vaccination. Drapeaux de l'UE encore accrochés au plafond, les bureaux cloisonnés servent maintenant à la vaccination. Avec un objectif: effectuer 3.300 injections par semaine, dont 160 pédiatriques.
Sur la vingtaine de chaises réservées aux enfants de 5 à 11 ans et leurs parents, les familles attendent dans un silence paisible qui tranche avec l'agitation ambiante, entre le va-et-vient des infirmières et les patients cherchant où déposer leur fiche d'information.
Fiers, aucun des enfants n'avoue avoir peur de la piqûre, même si des parents démentent: "il faut la rassurer", glisse avec un sourire Aurélie Lanternier, qui attend avec son mari pour faire vacciner sa fille de 9 ans cachée dans ses bras.
Olivia, enseignante de 39 ans, a pris très à coeur de faire vacciner ses trois garçons de 5, 9 et 11 ans dès que possible: "c'est eux qui ont le plus de risque d'attraper le virus, à l'école et avec les autres enfants". "A cet âge là, le port du masque est compliqué" confie-t-elle.
"Au-delà des fêtes en familles, on le fait aussi pour les activités extra-scolaires", affirme Claire Tourlides, qui accompagne son fils Ryan, 9 ans, et son frère, Tristan, 12 ans, déjà vacciné. "Ryan fait du judo, plusieurs entraînements ont été annulés avant les vacances à cause du Covid, on cherche à éviter ça", ajoute-t-elle.
- Reine des neiges -
Par mesure de précaution, le centre n'autorise que les médecins et les infirmiers à vacciner les enfants. "On effectue un test sérologique en même temps, comme ça les parents savent avant de repartir si leur enfant a déjà eu le Covid ou s'il devra recevoir une deuxième dose", détaille Clément Dürrbach.
Face à l'accélération de l'épidémie de Covid-19, la France a officiellement ouvert mercredi la vaccination à tous les enfants âgés de 5 à 11 ans sur la base du volontariat. Les enfants "à risque", susceptibles de développer des formes graves du Covid ou vivant avec des personnes immuno-déprimées, ont accès aux piqures depuis le 15 décembre.
A Strasbourg, au bureau de vaccination de l'Ugecam Alsace, seuls ces enfants étaient présents mercredi mais les autres pourront prendre rendez-vous sous peu.
"On ne peut pas faire de la vaccination de masse comme avec les adultes, il faut prendre le temps, rassurer les enfants et rassurer les parents", explique Stéphanie Lange, cadre de santé, qui table sur la vaccination de 100 à 150 enfants par semaine pour 4.000 adultes.
Mais les petits, eux seront vaccinés par la Reine des Neiges et le Chaperon rouge. "La blouse blanche peut les effrayer donc on a fait le choix du déguisement, cela peut aider à les détendre", argumente Stéphanie Lange.
Louis, 11 ans, affirme d'entrée qu'il "n'aime pas les piqûres". Mais finalement, son injection se conclut par un "c'est déjà fini ?" et un petit sachet de bonbons en récompense.
Atteint du Covid-19 en août, il n'aura qu'une seule injection, contrairement à sa soeur jumelle Emma, qui n'a jamais été malade et donc fera un rappel d'ici quelques semaines. Les deux enfants sont considérés comme prioritaires car ils sont souvent gardés par leurs grands-parents atteints de comorbidités. La vaccination "était une évidence" pour protéger tout le monde, explique leur maman Sandrine Retler.