Qui pour succéder au doublé américain de l'an dernier à l'Ultra-trail du Mont-Blanc ? La 21e édition de ce classique de la course longue distance s'ouvre vendredi sur fond de polémique sur ses "valeurs" et en l'absence de la légende de la discipline, Kilian Jornet.
Comme chaque année à la fin de l'été, la vallée se figera lorsque quelque 2.300 coureurs sélectionnés et archi-affutés s'élanceront de Chamonix pour tenter de faire le tour du célèbre massif en moins de deux jours, soit l'un des parcours les plus exigeants et les plus compétitifs du circuit mondial.
Les plus rapides mettront autour de 20 heures et, partis de Chamonix à 18h, passeront une nuit entière sur les sentiers pittoresques du toit de l'Europe occidentale, franchissant des cols jusqu'à 2.500 m d'altitude en s'éclairant à l'aide de puissantes lampes frontales.
A l'arrivée de cette édition qui devrait se dérouler sous une météo très chaude en plaine, ils auront parcouru 176 km de course et 10.000 mètres de dénivelé soit l'équivalent d'un peu plus de deux Mont-Blanc (4.800 m).
L'UTMB est le point d'orgue des huit courses organisées tout au long de la semaine au pied du géant des Alpes et qui attirent chaque année des milliers de coureurs et des dizaines de milliers de spectateurs, au point de provoquer la saturation de la vallée alpine et l'exaspération de certains habitants.
Parmi les favoris cette année chez les femmes figurent l'Américaine Katie Schide, vainqueure de la Western States 100, course de référence en Californie, et de l'édition 2022 de l'UTMB, ou encore la Chinoise Fuzhao Xiang ou la Française Blandine L'Hirondel. Tenante du titre, l'Américaine Courtney Dauwalter est absente cette année.
Chez les hommes, le vainqueur de l'édition 2023, son compatriote Jim Walmsley, visera le doublé pour sa sixième participation à l'épreuve.
Il s'alignera face à d'autres champions confirmés comme les Français Mathieu Blanchard, Ludovic Pommeret et Aurélien Dunand-Pallaz, vainqueur en titre de la Diagonale des Fous (La Réunion) l'automne dernier, ou encore le Britannique Tom Evans.
Sont absents à l'inverse les deux quadruples vainqueurs d'éditions précédentes, le Français François D'Haene et la légende du trail, l'Espagnol Kilian Jornet.
- "Problèmes d'impact" -
L'absence de ce dernier n'a surpris personne. Il est actuellement engagé dans ce qu'il a décrit comme un "long projet personnel" baptisé Alpine Connections, une traversée des Alpes visant à rallier le plus grand nombre possible de sommets de 4.000 mètres. Selon la presse locale, il pourrait d'ailleurs se trouver lui aussi à proximité du Mont-Blanc ce weekend.
Mais le malaise tient à autre chose. Le coureur catalan et l'Américain Zach Miller, arrivé 2e en 2023, avaient défrayé la chronique en début d'année lorsqu'un email de leur main suggérant aux meilleurs athlètes de la discipline de boycotter l'UTMB avait fuité sur les réseaux sociaux, révélé par l'un de ses destinataires.
"La direction actuelle prise par l'UTMB, le groupe UTMB et Ironman nous inquiète", y écrivaient-ils, estimant "qu'ils ne gèrent pas leurs événements dans le meilleur intérêt du sport et des pratiquants".
Une réunion entre les deux athlètes et les organisateurs de la course a eu lieu depuis pour tenter d'enterrer la hache de guerre.
"Il y avait des problèmes d'impact environnemental, de sponsoring, d'acquisition de courses", a expliqué Jornet à l'AFP en mai dernier. Avant de tempérer: "Ca reste une épreuve que j'adore et même si on diffère sur certains points, on a quand même beaucoup de points communs. C'est une course que j'aimerais refaire dans le futur".
Plusieurs initiatives ont été annoncées depuis par le groupe UTMB pour améliorer l'équité entre hommes et femmes, le soutien aux athlètes professionnels (avec le doublement annoncé des "prize money") et pour réduire l'impact écologique de la course, avec notamment un demi-million d'euros investis pour mettre en place 15 lignes de bus pendant l'événement.