Les habitants de Courmelles (Aisne), ont voté dimanche à "96,6% contre" l'installation, dans leur village, d'une usine de laine de roche du géant Rockwool, lors d'une consultation publique organisée par le maire, opposé au projet, à laquelle environ 30% des électeurs ont participé, a annoncé l'édile.
Tous les résidents de la commune étaient appelés à se rendre aux urnes entre 09H00 et 16H00, pour choisir un bulletin "pour" ou "contre" l'implantation de cette usine de la société danoise, leader mondial de la laine de roche, qui emploierait 130 personnes.
Cet isolant, bon marché, est critiqué pour les émissions polluantes générées par sa production.
A l'issue du dépouillement, "nous avons 423 suffrages exprimés, dont 409 voix +contre+, 11 voix +pour+ et 3 bulletins blancs ou nuls", a annoncé à l'AFP le maire Arnaud Svrcek, lui même opposé au projet.
Environ 30% des 1.409 inscrits sur les listes électorales ont participé, ainsi qu'une quinzaine de non-inscrits qui ont "repris le chemin des urnes", s'est-il réjoui.
Si la préfecture juge cette consultation illégale, ce vote ne constitue "pas un argument juridique", ni "un acte de défiance vis-à-vis des autorités", mais "un argument moral", a-t-il dit. "Nous avions le devoir de recueillir l'avis des Courmellois".
Quelque 1.500 opposants avaient manifesté le 3 juin à Soissons (Aisne), dont des habitants et médecins. Ils redoutent notamment le rejet dans l'air de poussières et de produits comme les phénols, les formaldéhydes et l'ammoniac. Ils pointent aussi "un gouffre énergétique" et la quantité d'eau nécessaire au fonctionnement.
A Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme), où se trouve déjà une usine Rockwool, "nous avons trois lignes de fabrication en coeur de ville", contre une en projet à Courmelles, "nous faisons régulièrement des mesures via un organisme tiers, Atmo" et "il n'y a pas de sujet qualité de l'air", a récemment défendu auprès de l'AFP Matthieu Biens, directeur marketing de Rockwool pour l'Europe du sud.
Il a pointé le "potentiel de développement assez énorme" des isolants en France, où "200 à 300.000 tonnes" de laines de verre et minérales sont importées chaque année. L'usine participera à "la réindustrialisation" du pays et participera "à l'effort national de rénovation énergétique des bâtiments", a-t-il plaidé.
Contrainte par la justice administrative, la mairie s'est résignée en avril à signer le permis de construire, mais a fait appel. Des recours d'opposants seront par ailleurs examinés, fin juin, contre l'autorisation d'exploiter.