Une usine modernisée pour l'eau potable de Paris

La maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré jeudi à Orly, avec la régie Eau de Paris, une usine d'eau potable modernisée, dotée de filtres à charbon plus performants notamment pour abattre les micro-polluants, mais présentée aussi comme un modèle de sobriété énergétique et environnementale.

Cette usine, d'une production nominale de 300.000 m3 d'eau par jour, assure un quart des besoins de Paris à partir des eaux de la Seine toute proche.

Principale nouveauté: un système renouvelant en continu les charbons actifs, qui avec le temps perdent en efficacité de filtration. Une fois "saturés", ces charbons subissent un processus de réactivation; ils peuvent ainsi servir dix fois.

Cette technologie "CarboPlus" est fournie par une filiale de Saur, un des trois géants de l'eau en France avec Veolia et Suez.

"Travailler avec un groupe privé n'est pas un sujet, mais comme régie publique (plutôt qu'en concession directe à un privé), nous faisons les choix, nous sommes maîtres d'oeuvre et d'ouvrage", explique Benjamin Gestin, directeur général d'Eau de Paris, qui compte ses propres laboratoires et 80 ingénieurs.

Quatre ans de travaux sont venus moderniser ce site d'Orly construit en 1969.

"L'objectif était d'améliorer ses performances": permettre, à emprise territoriale identique, mais avec deux unités désormais, une exploitation continue même en période de maintenance, améliorer la performance énergétique (par exemple les boues issues de la décantation sèchent à l'air libre), et la qualité de l'eau.

"Cela permet de fournir une eau 100% conforme, on élimine l'essentiel des matières organiques et des micropolluants, résidus de pesticides ou médicamenteux", y compris PFAS et chlorodatonil, dit le responsable.

"Quand en 2008 la municipalité a fait le choix d'une gestion municipale, ce n'était pas gagné: allait-on être capable d'investir? d'innover? Aujourd'hui nous voyons que c'était le bon choix", a dit Anne Hidalgo.

"Mais on n'est pas dans le mythe de la technologie", a-t-elle ajouté, soulignant "l'efficacité" du travail de prévention fait sur la qualité de la ressource, via des aides à la conversion en bio accordés à une centaine d'agriculteurs riverains des captages.

Paris se fournit en eau pour moitié dans les nappes phréatiques et pour moitié dans les cours d'eau, particulièrement sensibles aux pollutions et au réchauffement climatique puisque la Seine devrait perdre 10 à 20% de débit dans les années à venir.

La directrice de l'Agence de l'eau Seine Normandie, qui a fourni 17 des 48 millions d'euros pour moderniser Orly, a salué jeudi "un traitement des micropolluants particulièrement performants". Sandrine Rocard a surtout salué "le partage de mêmes objectifs dans la gestion de l'eau", via la préservation de la ressource (traque des fuites, travail auprès des agriculteurs).