Une soirée caritative du diocèse à l'Opéra de Limoges fait des remous

Une soirée caritative programmée mercredi par le diocèse de Limoges à l'opéra de la ville, établissement public, hérisse des défenseurs de la laïcité qui dénoncent l'entremise d'une structure réputée proche des milieux catholiques traditionnalistes.

Intitulé "Limousins solidaires", l'événement est présenté comme une "soirée de levée de dons au profit d'associations" régionales mais selon ses détracteurs, la plupart des bénéficiaires annoncés ont une dimension religieuse.

"On a un ADN, évidemment, mais on ne voulait pas qu'il y ait un caractère cultuel dans les projets, et trois associations n'ont aucun lien avec l'Église", répond une porte-parole du diocèse.

Les autres proposent par exemple de contribuer à la rénovation d'une école catholique, à l'aménagement du cloître d'un monastère ou à un projet d'hôtellerie pour retraitants - masculins - porté par les moines de l'abbaye de Solignac (Haute-Vienne).

"Au départ, il ne devait pas y avoir de connotation religieuse, c'était pour des causes", affirme Thierry Miguel, élu d'opposition à Limoges et membre du Comité Laïcité République du Limousin.

"Si une association musulmane demandait des locaux publics afin de collecter des fonds pour une bibliothèque réservée aux hommes, je m'y opposerais de la même façon et cela poserait problème à beaucoup d'autres personnes", ajoute l'élu qui a demandé l'annulation de l'événement de mercredi.

Interrogé par Le Populaire du Centre, le maire LR, Émile Roger Lombertie, répond que la ville ne pouvait pas s'opposer, sur un plan juridique, à cette location de l'opéra.

D'autres militants laïques pointent le rôle joué par une société, Obole, qui organise depuis 2017 des "Nuits du bien commun" dans une vingtaine de villes. Parmi ses actionnaires figure un homme d'affaires, Pierre-Édouard Stérin, catholique revendiqué, réputé proche de l'extrême droite - ce qu'il dément.

À Marseille, la mairie et la Fondation de France ont renoncé à participer à une "Nuit du bien commun" prévue en juin à l'opéra de la ville, hébergée finalement par un site privé.

La soirée de Limoges s'inspire ouvertement du modèle d'Obole mais le diocèse assure que la société ne lui apporte qu'un "accompagnement" technique.

Elle a créé le site internet qui permet de réserver des places mais sert aussi d'intermédiaire financier: à des fins de défiscalisation, les contributeurs recevront des reçus "édités par le Fonds de dotation de La Nuit du Bien Commun", leurs dons étant "reversés" aux associations.

Un "montage" que dénonce un collectif d'habitants de Solignac opposés aux moines traditionnalistes de l'abbaye.