L'ONG Reclaim Finance appelle mardi des grandes caisses de retraite françaises à cesser d'investir dans le secteur des énergies fossiles car cela compromet selon elle l'avenir des cotisants en contribuant à exacerber le réchauffement climatique.
Ces acteurs "doivent mettre fin à leur soutien à l'expansion des énergies fossiles", déclare Agathe Masson, spécialiste de la thématique des investissements responsables de Reclaim Finance, citée dans un communiqué de l'ONG.
"Au lieu d'assurer l'avenir de leurs cotisants, ils soutiennent des activités qui le compromettent et empirent la crise climatique", précise-t-elle.
L'ONG a passé en revue les investissements de quatre acteurs des retraites: trois grandes caisses de retraite complémentaire qui pilotent les cotisations de salariés (Agirc-Arrco pour le privé, ERAFP pour les fonctionnaires, Ircantec pour les contractuels du public) et le Fonds de réserve pour les retraites (FRR), supposé participer à l'équilibre financier du système.
Pour faire fructifier les sommes qu'ils gèrent, ce qui contribue à la pérennité du financement des retraites, ces différents organismes investissent une partie de leurs réserves sur les marchés financiers. Le montant cumulé de leurs actifs sous gestion s'établissait à 171 milliards d'euros d'actifs à fin décembre 2024, d'après Reclaim Finance.
Selon l'analyse effectuée par l'ONG, même si ces acteurs se présentent tous comme des investisseurs responsables, seul l'Ircantec "apparaît comme un bon élève", avec un investissement limité à 30 millions d'euros dans le secteur des énergies fossiles du fait d'une "politique d'exclusion fossile exigeante" qui ne l'empêche pas d'afficher "une bonne santé financière".
A l'inverse, les trois autres institutions étudiées "détiennent des centaines de millions d'euros dans les énergies fossiles", souligne le rapport de Reclaim Finance, qui évoque une exposition de plus d'un milliard d'euros pour le FRR, de 937 millions d'euros pour l'ERAFP et de 673 millions d'euros pour l'Agirc-Arrco.
A l'EFRAP, "notre trajectoire est celle d'une décarbonation progressive de notre portefeuille", a précisé à l'AFP son directeur, Régis Pélissier.
L'EFRAP, qui dit avoir déjà réduit de 56% "l'intensité carbone" (un indicateur des émissions de CO2 par million d'euros investi) de son portefeuille coté entre 2019 et 2024, s'est fixé pour objectif de porter cette baisse à 60% sur la période 2019-2029.
"Nous espérons nous aussi une économie décarbonée demain mais c'est un long chemin et pied à pied, tous les jours on essaie de progresser", a déclaré Régis Pélissier.
Ainsi, les investissements de l'EFRAP dans le secteur des énergies fossiles ne concernent que des entreprises qui investissent également dans les énergies renouvelables, comme TotalEnergies ou Engie, mais excluent par exemple ExxonMobil ou Saudi Aramco, selon M. Pélissier.