Une nouvelle "nuit de la solidarité" pour compter les sans-abri

Des milliers de bénévoles vont arpenter les rues d'une quarantaine de villes françaises dans la nuit de jeudi à vendredi pour dénombrer les personnes sans-abri, à l'occasion de la 6e "nuit de la solidarité" qui vise à mieux évaluer le phénomène, et donc mieux lutter contre l'exclusion.

"Compter est indispensable, c'est la base du renforcement de l'action pour aider les personnes concernées", a expliqué à l'AFP Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (qui regroupe 870 associations et organismes).

Cette année, l'opération est prévue à Paris, dans une vingtaine de villes en Ile-de-France ainsi qu'ailleurs en régions, notamment à Marseille.

"La méthodologie rigoureuse, la régularité de cette opération et la publication des résultats chaque année permettent de mesurer l'évolution du public à la rue et les effets des actions mises en place pour lutter contre la grande exclusion", a souligné la Mairie de Paris, à l'origine de cette opération en 2018.

Chaque année, des centaines de bénévoles et de travailleurs sociaux quadrillent les villes pour compter les personnes à la rue et "mieux connaître" leurs besoins.

L'an dernier, 2.598 sans-abri avaient ainsi été recensés dans Paris intra-muros, auxquels s'ajoutaient 487 SDF dans les villes de banlieue qui avaient participé à l'opération.

En matière de chiffres, "nous ne partons pas de zéro", souligne M. Brice, car les associations disposent du nombre de demandes d'hébergement d'urgence non satisfaites par les services du 115 - soit 4.878 au niveau national, chiffre relevé le 16 janvier.

Mais il ne s'agit là que d'une évaluation très partielle de la réalité, une part importante des sans-abri n'appelant pas le 115, car ils savent qu'ils n'ont presque aucune chance de se voir proposer une chambre.

"Hier soir, 715 personnes en famille, dont 333 enfants, ont tenté de joindre le 115 et n'ont pas eu de réponse parce qu'il n'y avait pas de place", a déclaré lors d'un point presse la maire PS de Paris Anne Hidalgo, rappelant que cette question des familles à la rue concerne "tout le territoire".

L'élue propose le dépôt d'une proposition de loi "de programmation et de planification pour organiser la prise en charge des familles sans abri en France", proposition qui pourrait se faire dans le cadre d'une niche parlementaire.

La maire socialiste propose également "l'ouverture de centres de premier accueil sur tout le territoire pour toutes ces familles avec enfants". A Paris, une réunion doit avoir lieu "prochainement" avec la préfecture pour l'ouverture d'un centre de premier accueil.

Le directeur général d'Emmaüs Solidarité, Bruno Morel, a lui jugé "très inquiétants les indicateurs sur la pauvreté et le sans-abrisme" alors qu'il n'y a "jamais eu autant de places d'hébergement".

"Il y a des phénomènes de concurrence entre les précarités, la concurrence traditionnelle entre migrants et SDF, puis celles des familles contre les personnes isolées et maintenant on commence à avoir une concurrence sur l'âge des enfants", a-t-il ajouté.

Mi-décembre, les associations de lutte contre la précarité avaient exprimé leurs craintes d'une "année noire" pour les personnes sans-abri et mal logées, du fait de la saturation du système d'hébergement d'urgence et de la hausse des charges locatives.

Pour y faire face, la Fédération des acteurs de la solidarité et la Ville de Paris demande une "loi de planification des places d'hébergement" à la hauteur des besoins, avec des objectifs chiffrés, et la possibilité de réquisitionner des bâtiments vides si besoin.

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