Une mission d'exploration du génome de la faune marine de France

Une vaste mission d'exploration de la faune marine de France, deuxième espace maritime au monde, sera lancée en juin pour récolter 4.500 espèces et séquencer leur génome à des fins de recherche et de documentation de la biodiversité.

Ce programme, d'une durée de sept ans, vise à créer un premier "atlas des génomes marins" qui s'inscrit dans la soixantaine de projets internationaux de séquençage de la biodiversité, a annoncé vendredi le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), responsable du projet DIVE-Sea.

La première expédition sera lancée en juin dans la station marine de Dinard (Ille-et-Vilaine) afin de récolter des milliers d'organismes eucaryotes - ceux dont les cellules possèdent un noyau - ce qui exclut les bactéries et les archées (micro-organismes unicellulaires).

Il s'agit pour beaucoup de spécimens microscopiques invisibles à l'oeil nu, que les plongeurs sous-marins pourront dénicher à l'aide d'aspirateurs et paniers de brossage, a détaillé lors d'une conférence de presse Line Le Gall, pilote du projet DIVE-Sea.

Les expéditions menées sur une dizaine de sites le long du littoral de métropole, ainsi qu'en outre-mer, visent à échantillonner 4.500 espèces soit "un tiers de espèces marines recensées à l'échelle de la France depuis plusieurs siècles d'observation", a précisé cette spécialiste des algues. Un défi, "car il va falloir qu'on retrouve ces espèces qui ont été recensées durant 300 ans, et dont certaines n'ont été vues qu'une seule fois", a-t-elle ajouté.

Une fois échantillonnés, les spécimens seront acheminés au Genoscope d'Evry en région parisienne, par une chaîne de grand froid (-80 degrés), pour ne pas dégrader l'ADN.

L'ADN de chaque échantillon sera "extrait, séquencé, annoté pour identifier la position des gènes et obtenir des génomes de référence", a détaillé Hugues Roest Crollius du CNRS, co-directeur du projet.

Les données seront en accès libre pour les chercheurs, pour pouvoir mieux "documenter la biodiversité tant qu'elle est encore là, parce qu'elle est fragile", a insisté le président du MNHN, Gilles Bloch.

L'atlas permettra notamment de mieux comprendre les espèces invasives en décortiquant "ce qu'il se passe au niveau génomique quand une espèce déplace les espèces résidentes", a précisé Hugues Roest Crollius.

Il permettra aussi d'accéder à des "molécules d'intérêt" pour la médecine ou l'agriculture. "Nous savons aujourd'hui que des organismes marins synthétisent des molécules intéressantes, mais pour avoir la +recette+, il faut pouvoir accéder à leur génome", a ajouté le chercheur.