Seize millions d'euros d'aide d'urgence vont être alloués au secteur de la plasturgie, touché par la crise sanitaire, pour l'inciter à recourir aux plastiques recyclés dans la fabrication de nouveaux produits, ont annoncé lundi les ministères de la Transition écologique et de l'Economie.
Soixante projets sont concernés par cette aide, gérée par l'Ademe (Agence de la transition écologique). L'enveloppe soutiendra les 60 entreprises éligibles ayant répondu à l'appel à projets, essentiellement des TPE et PME, soit la quasi-totalité de la capacité de régénération de plastiques en France, précise-t-on.
Plus de 295.400 tonnes de résines recyclées seront ainsi intégrées par les plasturgistes dans la fabrication de nouveaux produits.
La crise sanitaire affecte la plasturgie, et plus particulièrement le maillon du recyclage, doublement fragilisé par la chute des commandes et l'effondrement du cours du pétrole qui a creusé l'écart de compétitivité entre matières recyclées et résines vierges.
Ces 16 millions d'euros visent à soutenir la vente de plastiques issus du recyclage, mais aussi à renforcer la capacité industrielle de production de matière recyclée.
Le soutien à l'économie circulaire des plastiques "sera amplifié en 2021", indiquent les deux ministères, avec un renforcement du dispositif Orplast (Objectif Recyclage PLASTiques) de l'Ademe. Ce plan veut accompagner l'adaptation des outils productifs (préparation et intégration des matières recyclés dans de nouveaux produits).
Une tonne de polymères régénérés et réincorporés dans un nouveau cycle industriel, en substitution d'un plastique vierge, permet en France de réduire l'effet de serre de 1.300 à 2.200 kg équivalent CO2 selon la résine, indique le gouvernement.
Les marges de progrès sont grandes. Selon un rapport parlementaires publié lundi, la mise en décharge des déchets plastiques est encore de 32,5% en France, soit 900.000 tonnes enfouies chaque année (24,9% dans l'UE).
"Les taux de recyclage sont particulièrement médiocres: ils s'élevaient en 2018 à 24,2% pour l'ensemble des déchets plastiques et, en 2019, à 29% pour les seuls emballages plastiques", souligne l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).
Parmi les limites du recyclage: son coût et, selon les polymères, des obstacles techniques, notent les élus.
Pour améliorer ces performances, le rapport suggère d'interdire la mise en décharge des plastiques bénéficiant d'une filière de recyclage, d'imposer des taux de réincorporation par résine et par produit, de soumettre tout nouveau type d'emballage à certains critères (recyclable, compostable, réutilisable), ou encore d'indiquer sur les produits finaux le pourcentage de plastique recyclé.
Les parlementaires déplorent aussi des politiques de réduction du plastique "trop timides".
Ils proposent notamment d'interdire le polystyrène expansé dans les colis, tout comme les lâchers de ballons, de subventionner "massivement" le réemploi, de soutenir la consigne pour les bouteilles en verre, et de renforcer la recherche.
Le plastique, conçu à l'origine comme matériau résistant de longue durée, a largement glissé vers l'usage unique. Quelque 359 millions de tonnes en ont été produites en 2018 dans le monde, rappelle le rapport. Cette production devrait doubler d'ici 2050.