Un "rideau de bulles" d'air comprimé pour bloquer les déchets flottants et faciliter leur ramassage: le service de canaux de la Ville de Paris a présenté jeudi sur le canal de l'Ourcq cette nouvelle technologie encore en phase de test.
"Des bulles d'air sont projetées sur toute la largeur du bassin par des tuyaux placés au fond du canal. Cela permet de rediriger les déchets les plus légers, comme une canette ou un bout de plastique, vers le côté où ils vont pouvoir être collectés par un de nos bateaux nettoyeurs", explique Léa Vasa, conseillère de Paris chargée des canaux.
Ce dispositif novateur conçu par l'entreprise française Poralu Marine, en collaboration avec Canadian Pond, a été installé au niveau du pont levant de Crimée dans le 19e arrondissement. Une innovation à 80.000 euros qui "fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", affirme l'élue écologiste.
"On a voulu être en amont du bassin de la Villette car c'est un lieu où s'accumule beaucoup de déchets, mais aussi parce qu'il y a une usine de pompage d'eau non potable à proximité, dont le fonctionnement peut être entravé par la pollution", détaille Patrick Duguet, adjoint à la cheffe du service des canaux de la Ville de Paris.
"Les premiers résultats sont encourageants. Les déchets s'accumulent, ce qui facilite le travail des équipes de nettoyage", ajoute l'ingénieur.
L'efficacité de cette technologie est soumise à plusieurs contraintes et la Ville de Paris reste prudente en cette phase de test. "Le débit doit être assez faible sinon les déchets traversent la barrière, emportés par le courant", souligne Jean-François Brouillac, ingénieur chargé de la maintenance des canaux.
"L'autre contrainte, c'est le bruit que fait le compresseur qui génère l'air comprimé. Il faut l'installer dans un local isolé, idéalement en sous-sol comme pour le pont de Crimée, afin de minimiser les nuisances sonores", détaille-t-il.
Pour l'heure, la Ville de Paris ne prévoit pas de dupliquer le "rideau de bulles" du canal de l'Ourcq et continue de miser sur des opérations de sensibilisation à la gestion des déchets et à la propreté.
"Depuis la mise en place du rideau de bulles, il y a régulièrement des gens qui appellent pour signaler des amas de déchets. La difficulté est de leur expliquer que c'est normal et qu'il faut laisser le temps à nos équipes d'intervenir", note Jean-François Brouillac.
"C'est un bon signe. Cela montre que les déchets sont de moins en moins tolérés dans nos espaces publics", observe François Dagnaud, maire du 19e arrondissement.