Un projet d'usine à Fos-sur-Mer pour verdir l'acier

Un projet d'usine de production de fer et d'acier décarbonés, implantée à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a été annoncé jeudi par un consortium constitué par l'incubateur européen EIT InnoEnergy, avec notamment Engie et Forvia.

"Entreprise sidérurgique durable", la société, baptisée GravitHy, vise une construction en 2024 pour un démarrage de production en 2027, avec plus de 3.000 emplois directs et indirects à la clé.

Pour cela, 2,2 milliards d'euros d'investissement global seront nécessaires, à lever en partie via une ouverture du capital et de l'emprunt bancaire.

L'initiative est venue d'EIT InnoEnergy, qui a réuni pour ce premier tour de table l'énergéticien Engie New Ventures, l'équipementier automobile Forvia (ex-Faurecia), le groupe immobilier Idec, le fabricant d'électrolyseurs Plug et la société d'ingénierie Primetals Technologies.

EIT InnoEnergy, société privée née de l'Institut européen de l'innovation et de technologie (EIT), en détient 34%, et les autres le reste à parts égales.

"La demande d'acier décarboné est en pleine expansion et la production manque", dit à l'AFP Karine Vernier, directrice générale d'EIT InnoEnergy France et présidente du consortium, qui se veut précurseur.

L'idée est de produire du fer de réduction directe (DRI), utilisé soit sur place pour faire de l'acier "vert" soit commercialisé au niveau mondial. Elle sera produite grâce à de l'hydrogène bas carbone au lieu du process à base de coke.

Cet hydrogène sera "dans un premier temps" issu de la production électrique française, peu carbonée du fait de sa forte part de nucléaire. A terme il est prévu de la "substituer au maximum par des énergies renouvelables", précise Mme Vernier.

Selon elle, le surcoût de ce métal "vert" par rapport au "gris" sera tout à fait "absorbable par le marché. Et même, avec les prix actuels de l'énergie, on sera quasiment à coût égal".

Les partenaires représentent autant de domaines d'expertise, mais aussi une garantie de débouchés puisque Engie comme Faurecia peuvent acheter la production, dit-elle: ce "tour de table doit rassurer le marché, par ses compétences comme ses engagements commerciaux (...) Le modèle économique doit tenir sans subvention de l'Etat".

GravitHy ambitionne de produire deux millions de tonnes de DRI par an.

Dans l'acier "vert", l'Europe recense déjà deux initiatives, en Suède, qui vont jusqu'à la production d'acier. Mais aucune n'offre la matière au stade précédent, à destination des aciéristes, souligne Mme Vernier.

Le secteur de l'acier représente aujourd'hui 8% de la demande mondiale d'énergie et 7% des émissions annuelles de CO2 du secteur de l'énergie. Selon ses initiateurs, cette première usine de GravitHy permettrait d'éviter jusqu'à 4 millions de T de CO2e, soit 5% des émissions 2019 de l'industrie.

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